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Dans les lignes qui suivent – c’est peut-être évident, mais il faut le dire quand même – j’expose ce que moi je pense de la situation où se trouve la congrégation ici au Canada, et sans doute en beaucoup d’endroits dans le monde.
Personnellement, au plan de la vie religieuse, vu mon âge, j’ai vécu jusque vers la fin des années 1960 sur la lancée de l’esprit «congrégationiste» venu du XIXe siècle français, fortement teinté de la volonté de restauration avec un accent sur les pratiques de dévotions populaires au Sacré-Cœur et à la Sainte-Vierge. J’ai été, comme les confrères de cette période, imbibé de la mentalité de l’ultramontanisme et du cléricalisme. Tous ces courants d’abord venus d’outremer ont été également travaillés par les éléments du contexte social, politique et religieux dans le milieu canadien et québécois.
La mission était alors claire pour la congrégation : faire œuvre d’éducation dans les écoles élémentaires publiques et dans des collèges privés où l’on répondait à un besoin particulier; il s’agissait d’offrir aux jeunes un cours d’études secondaires qui se présentait comme une alternative au traditionnel cours classique qui ouvrait sur les études universitaires.
La réforme du système de l’éducation, allant de pair avec la baisse de l’emprise du clergé sur celui-ci, la révolution culturelle et le concile Vatican II, suivis du mouvement de sécularisation des institutions scolaires et celles de la santé auront des répercussions immenses sur les instituts de vie apostolique comme le nôtre.
Tout changea profondément dans les communautés : le lien communautaire, l’horaire, le style de vie, le rapport avec le monde, les exercices de piété et la mission qui devait être désormais redéfinie.
Puisque nous aboutissons assez brusquement à l’abandon presque complet de l’engagement traditionnel dans les écoles, nous avons commencé à explorer des pistes nouvelles «d’apostolat» étant donné que nous devions également faire face à trois problèmes : le tarissement de la relève, les sorties de l’institut et le vieillissement des effectifs. Voici quelques-unes des pistes qui ont été empruntées :
a) les divers services de pastorale (diocèse, paroisse)
b) la ligne prophétique de la vie religieuse (engagement social)
c) les œuvres sociales et humanitaires
d) les mouvements spirituels nouveaux (charismatique, entre autres)
e) les missions lointaines
Une des conséquences du chambardement des années 1960 et 1970 a été pour moi, et sûrement pour beaucoup d’autres, la nécessité, en quelque sorte, de rebâtir une nouvelle théologie de la vie religieuse et de découvrir une spiritualité plus adéquate. Il fallait combler le besoin de sens.
Le leadership de la congrégation a tenté au cours des quarante dernières années de susciter une reprise : essor nouveau, élan, relance, revitalisation sont des mots qui ont été utilisés pour exprimer une volonté d’assurer un avenir à la congrégation, pour éviter de déboucher sur l’extinction.
Cependant les nombres continuent à baisser et le vieillissement se poursuit.
Tout est-il joué?
En ce qui me concerne, je me propose bien de finir mes jours comme Frère du Sacré-Cœur dans la sérénité et dans la confiance que Dieu fera naître des choses nouvelles : c’est là le fondement du mystère chrétien.
Le défi est grand pour ceux qui veulent maintenir vivant notre projet Frères du Sacré-Cœur. En plus de garder «la flamme allumée», il leur faut dessiner une «autre peau» et écrire leur propre histoire.
Au demeurant, la communauté de l’avenir sera formée de frères qui seront forcément des chercheurs, en quête de la Bonne Nouvelle pour leur temps et adeptes de la contemplation.
Jean-Claude
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