Bien que certains déplorent que les nécessités du travail en pays dits de mission grugent fortement nos prudentes économies, le dévouement de nos confrères éloignés, par contre, nous rassure et contribue à engourdir notre quiétude. Nos politiques missionnaires, prudentes et réalistes, nous ont trop souvent habitués à privilégier le nombrilisme et la réclusion confortable en cercles fermés au détriment de l’ouverture désintéressée et du service des petits et des pauvres, comme devrait nous inspirer notre vocation.
Un drame: la majorité des communautés religieuses qui s’activaient dans les secteurs de l'éducation ou de la santé ont perdu leur vocation primitive et n'ont pas conservé, ni transmis le charisme de leur fondateur. La vision du développement extraordinaire des petites soeurs de mère Teresa devrait nous ouvrir les yeux. Plaise à Dieu qu’elles ne se mettent pas, elles aussi, à tout rationaliser.
Nos communautés vieillissantes, composées en presque totalité de retraités bien rentés et bien pensants, ne semblent avoir d’autre avenir que celui prévu par l’administration et les finances. On se paye des sessions d'études très sérieuses, des voyages de repos très apostoliques, des sessions spirituelles très pieuses et même des cheminements spirituels très charismatiques qui en conduisent certains jusqu'à imposer les mains pour guérir les malades. C'est de toute beauté. Même beauté que celle des pharisiens qui priaient et jeûnaient, versaient ostensiblement leurs oboles, tout en étant confortablement pétris de bonne conscience. Jésus traita ces prétendus exemples de perfection de pleins de merde: c'est la traduction la plus compréhensible dans notre langage de sépulcres blanchis.
La bonne nouvelle a commencé par le choix de l'humble Marie, une pauvre fille dans un village reculé d'un petit pays. Le Fils de Dieu naît dans une étable. Ses premiers adorateurs sont d’humbles bergers qui ne devaient pas aller souvent au temple. Pour son premier miracle, Jésus multiplie le vin pour une bande de gens déjà joyeux. Il se choisit des apôtres venant de milieux humbles, Il circule chez les pauvres, les nourrit, les guérit et leur transmet un message d'amour extraordinaire dans le Sermon sur le Montagne, bellement résumé dans les Béatitudes. Il ne répugne pas à manger avec les pécheurs, ni à louer la veuve qui donne sa petite obole au temple. Il livre un dernier message à ses proches avant de mourir: "...mon dernier commandement: Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés". Il meurt nu et déchiqueté en amenant un bandit avec Lui au Paradis...
Claude Paradis
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MORT ou RÉSURRECTION
Dans nos communautés nous avons eu plus d’administrateurs que de prophètes. Personnellement, je ne suis ni l’un, ni l’autre. Les dirigeants semblent vouloir cacher cette évidence ou croire pouvoir en retarder ou prévenir la trop brusque disparition de nos communautés. Peut-être veut-on r sécuriser les frères dont la majorité sont des vieillards ou en train de le devenir. Notre confort de pauvres est assuré jusqu’au cimetière, inscription tombale incluse.
Est-ce que le confort, la bonne conscience et l’illusion de se croire encore utiles peut susciter de généreux engagements dans le service des enfants en détresse. Se déculpabiliser est plus commode que s’engager. L’étatisation ne remplacera jamais l’évangélisation, pas plus que les avantages salariaux, le dévouement. Il est plus facile de se voiler la face que risquer de voir la misère et affronter la réalité. C’est à nous d’aller vers les pauvres, non l’inverse.
Pour nous convaincre que le charisme transmis par le fondateur se transmet, on médiatise l’action de certains confrères qui pour passer le temps ou pour s’épanouir davantage s’occupent d’œuvres personnelles.. On aurait mieux fait de rester dans notre jardin plutôt qu’aller jouer dans les plates-bandes des autres. La bonne conscience a remplacé le risque de vivre l’évangile.
Notre fondateur, tout comme les fondateurs d’oeuvres semblables à la nôtre, n’ont pas songé à mettre d’abord sur pied des organisations rationnelles; ils ont plongé dans l’univers de la misère des enfants. Malheureusement, le confort et la bonne conscience ont remplacé le risque de l’engagement dans l’aventure chrétienne comme il est plus facile de prêcher que de s’incarner.
Je souriais ce matin en lisant dans le journal (La Presse 26/09/09) ce passage de Mathieu Brunel, résidant du Vieux-Montréal: “Dans le quartier, il y a un parc pour les chiens; pour les enfants il faut aller très loin”. Jusqu’où devrons-nous aller pour trouver des audacieux?
Claude Paradis
Claude Paradis
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