Ouvrir les vannes de mes souvenirs de JESUS MAGISTER comporte un risque de déluge… Évitons les dégâts. Un quidam disait : « Je suis comme un petit ruisseau : peu profond mais clair». Je m’abrite derrière cette constatation. Quelques filets laisseront soupçonner le torrent possible. Un mot pourrait circonscrire ce que m’a apporté JESUS MAGISTER : ouverture.
Certes, trois années d’étude aux cours publics de théologie à l’Université Laval de Québec (1953-1956) m’avaient donné quelques assises avec des professeurs comme l’abbé Jean-Marie Fortier qui deviendra archevêque de Sherbrooke (celui qui m’a ordonné prêtre en 1971) et l’abbé Vachon qui deviendra archevêque et cardinal de Québec.
Mais Rome me procurera une ouverture considérable, indélébile : psychologie, droit et relations internationales, histoire de l’Église, théologie spéculative et sopra tutto l’Écriture Sainte. Je regrettais l’absence de liturgie, mais cela viendra plus tard.
Me faudrait-il décerner une palme d’or à celui de mes professeurs qui m’a le plus marqué? Je l’accorde illico au père Évode Beaucamp, o.f.m. Son enseignement continue de m’inspirer. Médaille d’argent à Carlo Molari pour son enseignement projeté avec passion et le désir de nous faire plonger dans le mystère. Effort plus que louable étant donné que le français n’était pas sa langue maternelle. Je note cependant que je ne me sentais pas du tout perdu lorsqu’il enseignait en latin, latin de cuisine dans bien des cas.
JESUS MAGISTER n’était pas qu’une institution d’étude. C’était comme un laboratoire de relations internationales étant donné la provenance de confrères de plusieurs pays. Je m’aperçois que le climat de fraternité qui y régnait s’était bâti, disons-le (notre humilité étant sauve), sur la qualité des membres qui la composaient. On sentait le respect, le support de chacun, le goût de confronter les idées dans un esprit bon-enfant, un brin frondeur pour pimenter la vie commune. Il faut dire que le frère Louis-Régis (Pascal Ross) le premier, notre diligent directeur, nous entraînait hardiment au travail.
Par ricochet, je saurai que mon enseignement en matière religieuse dans les 11e années de l’école secondaire St-François de Sherbrooke (62-64) sortait du ronron somnifère des méthodes précédentes en conjuguant à bon escient anthropologie chrétienne, théologie, histoire et Bible. Comme j’y enseignais aussi avec plaisir l’ÉDUCATION CIVIQUE ET PROFESSIONNELLE, je mettais à profit quelques notions de droit et de relation.
Dès les premiers mois après mon retour de Bruxelles en 1962, j’étais chargé de dispenser quelques cours à la faculté des sciences religieuse de l’Université de Sherbrooke. Beaucamp me hantait avec profit.
Quelques années (7 ans) comme responsable de formation (responsable au juvénat, postulat, noviciat et scolasticat) m’ont forcé à puiser dans mon maigre bagage psychologique et à étendre mes connaissances dans ce domaine. Je ne puis affirmer que les compétences acquises à Rome ont joué d’une façon prépondérante sur la demande qui m’a été faite de recevoir l’onction sacerdotale (1971) pour le service de mes frères en Église.
Qui l’eût cru? me voici de retour à Rome de 1974 à 1985 dans l’équipe animatrice de la session spirituelle internationale FSC. Durant ces 11 ans, j’ai puisé abondamment à la fontaine « magistérienne ». Poursuivant mon déniaisement, j’ai pu fréquenter San Anselmo del’Aventino en liturgie comme auditeur libre. L’Institut de spiritualité de la Grégorienne m’a aussi accueilli à quelques reprises.
À regret, je ne m’étendrai pas sur les fantastiques et enrichissantes découvertes de Paris à la Catho et à la Sorbonne durant les vacances de 1959 et 1960 : littérature, cinéma et musique dansaient une valse enivrante. Ajoutons le contact tonifiant avec les frères de St Alban en Angleterre. Sans compter l’année 61-62 à LUMEN VITAE, Bruxelles, en catéchèse. Ouf! De quoi paraphraser un incessant MAGNIFICAT pour le reste de mes jours!
Bromptonville, 1 septembre 2010
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