Un bilan de la formation reçue à Jesus Magister
Comme le dit Mc Luhan, le médium c’est le message. En l’occurrence le medium c’est Rome, c’est la fraternité de Mascherone et aussi l’Université du Latran. Les faiblesses liées au programme et au contenu des cours ont été largement compensées par la richesse du médium qui m’a plongé en immersion totale dans une eau purificatrice de mes scories, libératrice de mes des tabous intellectuels concernant la Révélation et qui m’a régénéré dans un univers de concepts théologiques fort riches.
Nous étions un groupe cobayes pour un vin nouveau qui n’avait pas été suffisamment décanté dans l’esprit des professeurs du Latran. Le programme n’avait pas subi l’épreuve du temps On y a mis beaucoup de choses inutiles ou non appropriées. L’Université du Latran était fort bien équipée dans les facultés de droit canon et de théologie, mais en catéchèse, c’était plutôt faible. Et répondre à des attentes culturelles en une période de profondes transformations, c’est un défi fort difficile à relever.
Plusieurs de ces raisons expliquent qu’on ait dû fermer l’Institut après à peine douze ans d’existence. (3)
Si je sonde mes entrailles et me demande ce qu’il m’a donné, la réponse est fort différente.
Intellectuellement Jesus Magister m’a enrichi. Il m’a introduit dans plusieurs ateliers de réflexion théologique. On peut dire que ces trois années ont ancré en moi sur des bases solides le tronc et les principaux embranchements de la Révélation objet de la foi chrétienne. Voici en condensé, mon principal héritage de Jesus Magister.
La théologie servante de la révélation
Voir ce que l’esprit humain, qui enfourche de frêles petites ondes, peut tirer en connaissances de l’univers, de son histoire et d’astres situées à des milliards d’années lumière de nous, c’est émerveillant et époustouflant.
Le donné révélé, fondement de la foi chrétienne, est aussi un univers répandu à travers le temps et l’espace en des milliards de petites étoiles qui signent, souvent à faible intensité et au milieu d’un vacarme de parasites, la discrète présence de Dieu et son dessein de faire alliance avec l’homme.
Fouiller cet univers, découvrir le sens de ces histoires souvent disparates, tout traduire en concepts qui se tiennent, qui forment un tout intelligible et cohérent c’est une œuvre gigantesque comparable à toutes celles que le génie humain a montées dans des domaines aussi différents et aussi variés que la physique nucléaire, l’astronomie et la mathématique.
Cette œuvre dont je ne connaissais que des brindilles éparses, celles du petit catéchisme ou de la nomenclature des dogmes, je l’ai entrevue dans son ensemble. Je sors de ce bain émerveillé par la vision de la doctrine chrétienne, par sa cohérence et par l’éclairage qu’elle apporte à l’intelligence humaine du milieu divin révélé.
Je suis émerveillé aussi par les génies humains, de saint Paul aux Pères des conciles et du concile Vatican II en passant par saint Augustin et par le Docteur angélique, saint Thomas d’Aquin, qui l’ont réalisée.
J’ai aussi mieux compris la fonction de la théologie dans le maintien et la promotion de la foi. Sans les longues palabres byzantines entremêlées des plus vils intérêts qui ont fourni la matière brute des dogmes conciliaires, il y aurait eu un gros risque que cette merveilleuse expérience de Dieu s’effrite dans le décor ou ne sombre dans la plus avilissante des superstitions si elle n’avait pas été coulée dans une structure rigide, celle des dogmes de la sainte Église. S’effriter dans le décor, au temps de la primitive Église cela voulait dire donner dans la gnose omniprésente dans les premières communautés chrétienne et dont l’influence sur l’interprétation du mystère chrétien se prolongera jusqu’à nos jours.
Jésus aurait-il pu survivre dans l’atmosphère gnostique ? Peut-être, mais il n’aurait pas vécu comme Jésus de Nazareth, plus probablement comme le Verbe, éon de lumière, dernier échelon de la parcelle de divin prisonnier dans la pâte humaine. Rien de nouveau, un Horus égyptien ou un Mithra romain.
Notre foi est fondée sur le Jésus de l’histoire incarné et ayant vécu en un temps « x » sur notre terre, non un avatar d’Horus ou de Mithra.(4)
L’historicité de Jésus et du salut a été affirmée et professée à toutes les époques des conciles, appuyés sur une solide théologie qui en a expliqué les articulations et les conséquences. Un Jésus ontologique, on l’a vu dans les élaborations postérieures des gnostiques, ne pouvait qu’établir une hiérarchie d’êtres en voie d’assomption vers le divin. Rien comme le côte-à-côte de l’homme avec Dieu, rien pour susciter la communion de vie des premières communautés chrétiennes, l’alliance de tout homme de bonne volonté devant les grandes causes, rien pour la démocratie, ou la fraternité universelle.
Bref, pour passer les siècles, l’intelligence de la foi avait besoin de se codifier en une structure rigide, celle des dogmes, qui ont balisé la voie de la continuité et de la vérité dans la compréhension du mystère du salut et dans son expression à travers les rites chrétiens.
Inspiration et interprétation en Écriture sainte
Jeune, je l’ai dit, j’étais fasciné par le caractère sacré des Saintes Écritures. Les tranches qu’on nous servait dans la liturgie avaient le caractère et la réputation de paroles magiques, sacrées, soufflées par l’Esprit dans l’oreille de l’écrivain sacré. La Bible était inspirée directement par Dieu. Il n’y avait rien à chercher d’autre.
Ma découverte de la Bible fut toute autre. La Bible soumise à la discipline de l’exégèse apportait non seulement une signification enrichie et plus juste des textes sacrés dans leur diversité mais contribua aussi à une meilleure intelligence de la Révélation prise dans son ensemble.
Alors Dieu ne dicte plus le mot à mot des textes sacrés mais il est présent à tous les événements qui forment la trame de l’histoire de ce peuple, non un Dieu-belle-mère intervenant à tout propos dans les affaires des humaines, mais un Dieu présent, offrant à tous les bienfaits de son alliance.
Après Jesus Magister, le courant de la relation à Dieu n’allait pas de l’homme à Dieu dans un effort de perfectionnement et de spiritualisation mais de Dieu au service de l’homme même pécheur dans le sens de la plus authentique incarnation.
Saint Irénée l’avait dit au IIe siècle, "Gloria Dei homo vivens" (la gloire de Dieu c’est l’homme vivant) mais ayant alors d’autres chats à fouetter, on ne l’avait pas entendu.
L’exégèse, portée par un courant de renouvellement qui soufflait partout, remit les pendules de l’Écriture sainte à l’heure de ses origines. Non des paroles sacrées intouchables, mais la Parole, présence du Verbe dans l’histoire changeante des hommes, non des vérités inscrites dans des récits paraboliques mais la Vérité qui se conjugue avec les vérités des hommes, avec leurs valeurs et leurs espoirs. Ainsi on n’a plus à exécuter des entourloupettes pour expliquer les « erreurs » de la Bible ou en extraire la signification profonde comme on le ferait d’un texte sibyllin.
Les conséquences de cet angle de lecture sont importantes pour la juste compréhension du message révélé et pour développer une relation au divin qui soit significative et marquée d’amour et de liberté.
Une Église signe
Dans les années 58-60 l’Église était encore la « Mater et Magistra » à la structure toute empourprée et régie par le supplément au droit romain qu’on a appelé « Droit canon ».
Les cours d’Histoire de l’Église et de la dogmatique furent aussi pour moi évocateurs quant au rôle de l’Église et de ses rites dans le parachèvement du Royaume de Dieu sur la terre des hommes.
On avait bien appris que « le sacrement était un signe sensible institué par Jésus-Christ pour nous donner la grâce » (5) mais le mot « signe » avait été brouillé par un certain besoin de formules magiques qui donnaient la grâce et le ciel « ex opere operato» (6) et qui les redonnaient si on les avait perdus.
La portée du mot « signe » s’appliquera aussi aux « miracles » opérés par Jésus qu’on est invité à interpréter non comme des « dérogations aux lois de la nature » mais comme des balises, des signes, qui indiquent la présence de Dieu et de son action salvatrice à l’un ou l’autre des temps importants de la condition humaine (naissance, mariage, ordination, rassemblement, faiblesses, maladies et mort).
L’Église, qu’on a appelée le sacrement (signe) de la rencontre de Dieu (Schillebeeckx), y trouve aussi le fondement de sa mission qui est de révéler la présence salvatrice de Jésus dans l’histoire des hommes. Ce qui commande à l’Église de savoir parler la langue des hommes et celle de leurs valeurs à chaque période de leur histoire. Ce qu’Elle fit avec forces et faiblesses de l’invasion des Barbares jusqu’à la cession de ses pouvoirs sur les états pontificaux et aussi dans ce gigantesque effort d’aggiornamento que fut le concile Vatican II.
Et voilà comment on récupère l’histoire. Si contradictoire que cela puisse nous apparaître, pour annoncer efficacement l’Évangile, la croix dut être accompagnée de l’épée. Une Église secte n’aurait pas pu civiliser les Barbares ni porter la Bonne Nouvelle à tous les confins de la terre. D’instinct, la foi au Christ a pris les moyens appropriés pour l’annoncer dans le temps et dans l’espace tout en respectant le rythme des cheminements de chacun et les couleurs de chaque civilisation, prenant le risque des ambiguïtés que l’on connaît.
Éclairante aussi la distinction entre l’Église communion de vie, éternelle et présente dans tous les rassemblements humains et l’Église « moyen de salut » aléatoire, temporelle et variable comme peut l’être un échafaudage qui sert à la construction d’un édifice.
Ces données seront brillamment reprises par le Concile Vatican II.
Sous cet éclairage, le dicton « Hors de l’Église point de salut », qui faisait scandale à notre époque, s’enrichit et prend un tout autre sens si on le couple avec la certitude que le salut est «déjà» accompli en Jésus-Christ. Ainsi, l’universalité du salut déjà accompli rejoint tous les groupes, toutes les églises, toutes les confessions, tous les hommes de bonne volonté qui poursuivent leur quête de sens sur leur terre humaine. L’Église c’est le « Christ répandu » à la grandeur de l’univers. Il n’y a personne à exclure. De quoi ouvrir ses méninges à la dimension de l’univers et de l’éternité.
Ce que Jesus Magister m’a donné, c’est une mise en forme et en cohérence des notions partielles et partiales que j’avais accumulées depuis mon âge de raison; il m’a muni de clés passe-partout d’interprétation qui ont amorcé une conversion de la pensée que Vatican II viendra compléter admirablement.
Nous étions un groupe cobayes pour un vin nouveau qui n’avait pas été suffisamment décanté dans l’esprit des professeurs du Latran. Le programme n’avait pas subi l’épreuve du temps On y a mis beaucoup de choses inutiles ou non appropriées. L’Université du Latran était fort bien équipée dans les facultés de droit canon et de théologie, mais en catéchèse, c’était plutôt faible. Et répondre à des attentes culturelles en une période de profondes transformations, c’est un défi fort difficile à relever.
Plusieurs de ces raisons expliquent qu’on ait dû fermer l’Institut après à peine douze ans d’existence. (3)
Si je sonde mes entrailles et me demande ce qu’il m’a donné, la réponse est fort différente.
Intellectuellement Jesus Magister m’a enrichi. Il m’a introduit dans plusieurs ateliers de réflexion théologique. On peut dire que ces trois années ont ancré en moi sur des bases solides le tronc et les principaux embranchements de la Révélation objet de la foi chrétienne. Voici en condensé, mon principal héritage de Jesus Magister.
La théologie servante de la révélation
Voir ce que l’esprit humain, qui enfourche de frêles petites ondes, peut tirer en connaissances de l’univers, de son histoire et d’astres situées à des milliards d’années lumière de nous, c’est émerveillant et époustouflant.
Le donné révélé, fondement de la foi chrétienne, est aussi un univers répandu à travers le temps et l’espace en des milliards de petites étoiles qui signent, souvent à faible intensité et au milieu d’un vacarme de parasites, la discrète présence de Dieu et son dessein de faire alliance avec l’homme.
Fouiller cet univers, découvrir le sens de ces histoires souvent disparates, tout traduire en concepts qui se tiennent, qui forment un tout intelligible et cohérent c’est une œuvre gigantesque comparable à toutes celles que le génie humain a montées dans des domaines aussi différents et aussi variés que la physique nucléaire, l’astronomie et la mathématique.
Cette œuvre dont je ne connaissais que des brindilles éparses, celles du petit catéchisme ou de la nomenclature des dogmes, je l’ai entrevue dans son ensemble. Je sors de ce bain émerveillé par la vision de la doctrine chrétienne, par sa cohérence et par l’éclairage qu’elle apporte à l’intelligence humaine du milieu divin révélé.
Je suis émerveillé aussi par les génies humains, de saint Paul aux Pères des conciles et du concile Vatican II en passant par saint Augustin et par le Docteur angélique, saint Thomas d’Aquin, qui l’ont réalisée.
J’ai aussi mieux compris la fonction de la théologie dans le maintien et la promotion de la foi. Sans les longues palabres byzantines entremêlées des plus vils intérêts qui ont fourni la matière brute des dogmes conciliaires, il y aurait eu un gros risque que cette merveilleuse expérience de Dieu s’effrite dans le décor ou ne sombre dans la plus avilissante des superstitions si elle n’avait pas été coulée dans une structure rigide, celle des dogmes de la sainte Église. S’effriter dans le décor, au temps de la primitive Église cela voulait dire donner dans la gnose omniprésente dans les premières communautés chrétienne et dont l’influence sur l’interprétation du mystère chrétien se prolongera jusqu’à nos jours.
Jésus aurait-il pu survivre dans l’atmosphère gnostique ? Peut-être, mais il n’aurait pas vécu comme Jésus de Nazareth, plus probablement comme le Verbe, éon de lumière, dernier échelon de la parcelle de divin prisonnier dans la pâte humaine. Rien de nouveau, un Horus égyptien ou un Mithra romain.
Notre foi est fondée sur le Jésus de l’histoire incarné et ayant vécu en un temps « x » sur notre terre, non un avatar d’Horus ou de Mithra.(4)
L’historicité de Jésus et du salut a été affirmée et professée à toutes les époques des conciles, appuyés sur une solide théologie qui en a expliqué les articulations et les conséquences. Un Jésus ontologique, on l’a vu dans les élaborations postérieures des gnostiques, ne pouvait qu’établir une hiérarchie d’êtres en voie d’assomption vers le divin. Rien comme le côte-à-côte de l’homme avec Dieu, rien pour susciter la communion de vie des premières communautés chrétiennes, l’alliance de tout homme de bonne volonté devant les grandes causes, rien pour la démocratie, ou la fraternité universelle.
Bref, pour passer les siècles, l’intelligence de la foi avait besoin de se codifier en une structure rigide, celle des dogmes, qui ont balisé la voie de la continuité et de la vérité dans la compréhension du mystère du salut et dans son expression à travers les rites chrétiens.
Inspiration et interprétation en Écriture sainte
Jeune, je l’ai dit, j’étais fasciné par le caractère sacré des Saintes Écritures. Les tranches qu’on nous servait dans la liturgie avaient le caractère et la réputation de paroles magiques, sacrées, soufflées par l’Esprit dans l’oreille de l’écrivain sacré. La Bible était inspirée directement par Dieu. Il n’y avait rien à chercher d’autre.
Ma découverte de la Bible fut toute autre. La Bible soumise à la discipline de l’exégèse apportait non seulement une signification enrichie et plus juste des textes sacrés dans leur diversité mais contribua aussi à une meilleure intelligence de la Révélation prise dans son ensemble.
Alors Dieu ne dicte plus le mot à mot des textes sacrés mais il est présent à tous les événements qui forment la trame de l’histoire de ce peuple, non un Dieu-belle-mère intervenant à tout propos dans les affaires des humaines, mais un Dieu présent, offrant à tous les bienfaits de son alliance.
Après Jesus Magister, le courant de la relation à Dieu n’allait pas de l’homme à Dieu dans un effort de perfectionnement et de spiritualisation mais de Dieu au service de l’homme même pécheur dans le sens de la plus authentique incarnation.
Saint Irénée l’avait dit au IIe siècle, "Gloria Dei homo vivens" (la gloire de Dieu c’est l’homme vivant) mais ayant alors d’autres chats à fouetter, on ne l’avait pas entendu.
L’exégèse, portée par un courant de renouvellement qui soufflait partout, remit les pendules de l’Écriture sainte à l’heure de ses origines. Non des paroles sacrées intouchables, mais la Parole, présence du Verbe dans l’histoire changeante des hommes, non des vérités inscrites dans des récits paraboliques mais la Vérité qui se conjugue avec les vérités des hommes, avec leurs valeurs et leurs espoirs. Ainsi on n’a plus à exécuter des entourloupettes pour expliquer les « erreurs » de la Bible ou en extraire la signification profonde comme on le ferait d’un texte sibyllin.
Les conséquences de cet angle de lecture sont importantes pour la juste compréhension du message révélé et pour développer une relation au divin qui soit significative et marquée d’amour et de liberté.
Une Église signe
Dans les années 58-60 l’Église était encore la « Mater et Magistra » à la structure toute empourprée et régie par le supplément au droit romain qu’on a appelé « Droit canon ».
Les cours d’Histoire de l’Église et de la dogmatique furent aussi pour moi évocateurs quant au rôle de l’Église et de ses rites dans le parachèvement du Royaume de Dieu sur la terre des hommes.
On avait bien appris que « le sacrement était un signe sensible institué par Jésus-Christ pour nous donner la grâce » (5) mais le mot « signe » avait été brouillé par un certain besoin de formules magiques qui donnaient la grâce et le ciel « ex opere operato» (6) et qui les redonnaient si on les avait perdus.
La portée du mot « signe » s’appliquera aussi aux « miracles » opérés par Jésus qu’on est invité à interpréter non comme des « dérogations aux lois de la nature » mais comme des balises, des signes, qui indiquent la présence de Dieu et de son action salvatrice à l’un ou l’autre des temps importants de la condition humaine (naissance, mariage, ordination, rassemblement, faiblesses, maladies et mort).
L’Église, qu’on a appelée le sacrement (signe) de la rencontre de Dieu (Schillebeeckx), y trouve aussi le fondement de sa mission qui est de révéler la présence salvatrice de Jésus dans l’histoire des hommes. Ce qui commande à l’Église de savoir parler la langue des hommes et celle de leurs valeurs à chaque période de leur histoire. Ce qu’Elle fit avec forces et faiblesses de l’invasion des Barbares jusqu’à la cession de ses pouvoirs sur les états pontificaux et aussi dans ce gigantesque effort d’aggiornamento que fut le concile Vatican II.
Et voilà comment on récupère l’histoire. Si contradictoire que cela puisse nous apparaître, pour annoncer efficacement l’Évangile, la croix dut être accompagnée de l’épée. Une Église secte n’aurait pas pu civiliser les Barbares ni porter la Bonne Nouvelle à tous les confins de la terre. D’instinct, la foi au Christ a pris les moyens appropriés pour l’annoncer dans le temps et dans l’espace tout en respectant le rythme des cheminements de chacun et les couleurs de chaque civilisation, prenant le risque des ambiguïtés que l’on connaît.
Éclairante aussi la distinction entre l’Église communion de vie, éternelle et présente dans tous les rassemblements humains et l’Église « moyen de salut » aléatoire, temporelle et variable comme peut l’être un échafaudage qui sert à la construction d’un édifice.
Ces données seront brillamment reprises par le Concile Vatican II.
Sous cet éclairage, le dicton « Hors de l’Église point de salut », qui faisait scandale à notre époque, s’enrichit et prend un tout autre sens si on le couple avec la certitude que le salut est «déjà» accompli en Jésus-Christ. Ainsi, l’universalité du salut déjà accompli rejoint tous les groupes, toutes les églises, toutes les confessions, tous les hommes de bonne volonté qui poursuivent leur quête de sens sur leur terre humaine. L’Église c’est le « Christ répandu » à la grandeur de l’univers. Il n’y a personne à exclure. De quoi ouvrir ses méninges à la dimension de l’univers et de l’éternité.
Ce que Jesus Magister m’a donné, c’est une mise en forme et en cohérence des notions partielles et partiales que j’avais accumulées depuis mon âge de raison; il m’a muni de clés passe-partout d’interprétation qui ont amorcé une conversion de la pensée que Vatican II viendra compléter admirablement.
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