samedi 4 juin 2011

Mes six années d'études, au primaire, 1946-1950


Mes six années d'études, au primaire,
à l'école Saint-Aimé d'Asbestos, 1946-1950
par Jean-Guy LeGault
À gauche, l'école secondaire Saint-Aimé (1942);
au centre, la résidence des religieux (1936)
et à droite, l'école primaire Saint-Aimé (1921), à Asbestos.

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En 1945, il n'y avait pas de classe de maternelle. C'est donc en septembre 1946, à l'âge de 6 ans et 4 mois, que j'entrais en première année, à l'école Saint-Aimé, un école pour garçons, dirigée par les Frères du Sacré-Cœur. Ma classe était située au rez-de-chaussée. Le directeur était le frère Fabien (Théodore Tessier). Mon institutrice-titulaire de la 1re année «A» était madame Rodolphe Lambert. Remarquez qu'une fois mariée, madame portait le nom et le prénom de son mari. Chose surprenante également à cette époque, dès qu'une institutrice prenait mari, elle devait obligatoirement quitter l'enseignement. Comme madame Lambert n'avait pas d'enfants, on en a sans doute fait un cas d'exception.

Nous demeurions à logement sur la rue Saint-Joseph, voisins de la boulangerie Fréchette; je pouvais donc facilement me rendre à l'école à pied. Il suffisait de descendre la rue Saint-Joseph, de tourner à gauche à la rue Bourbeau et enfin, à droite à la rue Notre-Dame. Cinq ou six minutes à peine.

La vieille partie de l'école Saint-Aimé avait été bâtie en 1920-21. C'était une bâtisse avec sous-sol, rez-de-chaussée et deux autres étages. Elle pouvait accommoder 17 classes, de la 1re à la 6e année. Elle était recouverte de bardeaux d'amiante mais la structure était faite de bois. C'est la raison pour laquelle on y retrouvait, à l'extérieur, des escaliers de secours en cas de feu. Au début de chaque année scolaire, on s'adonnait à un exercice de prévention des incendies. Je me souviens qu'au son de la cloche et des sirènes des camions de pompier, on devait se rendre à une certaine fenêtre, monter sur une chaise, enjamber le calorifère et sortir par la fenêtre ouverte pour atteindre l'escalier de secours. Toute une aventure quand on n'a que six ou sept ans! Au sous-sol, une grande salle pouvait accueillir les élèves par temps froid ou pluvieux. C'est là qu'on prenait nos rangs avant de monter en classe.

En première année, on comptait trois classes pour environ 90 élèves. De ce nombre, une trentaine, les meilleurs, étaient choisis pour «sauter» la deuxième année. J'étais du nombre. Après les Fêtes, on effectuait un certain reclassement et on accélérait le programme pour entamer une bonne partie de celui de la deuxième année.

Les sports étaient à l'honneur à l'école des garçons. Plus jeunes, nous étions laissés un peu à nous-mêmes durant les récréations de la demi-journée, même si les «maîtresses» exerçaient une certaine surveillance. Plus tard, nos profs masculins organisèrent davantage les jeux de balle molle, de ballon coup-de-pied, de ballon-prisonnier ou de drapeau.

Il y avait deux patinoires à l'école Saint-Aimé, dont une plus petite, pour les débutants. C'est là que j'ai appris à patiner. Mais, je ne me souviens pas d'avoir joué avec les «Tom-Pouces»...

En septembre 1947, j'entreprenais ma troisième année avec mademoiselle Monique Hamel, comme titulaire de la 3e année «C». Tous les élèves ayant sauté la 2e année y étaient regroupés. Nous avons pris une couple de mois pour compléter ce niveau avant de nous engager définitivement dans le programme de 3e année. Pour les trois prochaines années, le directeur sera le frère Jean. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mon enseignante si ce n'est qu'elle était assez jeune et très patiente.

L'année suivante, en septembre 1948, je passais en quatrième année. Mademoiselle Thérèse Leroux était titulaire de la 4e année «A». Je l'ai beaucoup appréciée. Elle était exigeante et nous faisait beaucoup travailler. Elle avait déjà plusieurs années d'expérience derrière la cravate, façon de parler. Notre classe de 4e année, tout comme celle de la 3e , était située au 1er étage.

En 1949-1950, je monte au dernier étage de l'école et j'entreprends ma cinquième année, avec comme titulaire, le frère Norbert (Jean-Paul Croteau). Ce sera mon premier professeur masculin. Laïcisé quelques années plus tard, il enseigna à la section classique de Victoriaville, puis devint le premier directeur-général de la Commission scolaire régionale des Bois-Francs. Une fois à la retraite, il devint maire de Victoriaville durant quelques années.

La grève de l'amiante, en 1949, me marqua un peu. L'argent n'entrait plus à la maison et mes parents ont dû puiser dans les réserves prévues pour faire construire notre première maison. Des fenêtres de notre classe, je me souviens d'avoir vu des descentes policières, à propos de tout et de rien. Nous étions envahis par plusieurs voitures noir et blanc de la police provinciale.

En 1950-1951, je fais ma sixième année avec le frère Laurin (Jean Lamirande), comme titulaire. Bon sportif, il savait bien animer les petites récréations. Sa devise: un esprit sain dans un corps sain. D'ailleurs, il devint prof d'éducation physique à Drummondville après sa laïcisation. Je me souviens de lui, entre autres, comme responsable des enfants de chœur et des servants de messe, à la paroisse Saint-Isaac-Jogues. C'est lui qui m'avait initié à servir la messe.

Cette année-là, le directeur de l'école était le frère Honoré (Honoré Houle) qui fut également mon directeur en 1953-1954 au collège d'Arthabaska. Je ne peux passer sous silence le bon frère Constantin (Camille Bellut), français de naissance mais canadien de cœur. En tant que visiteur de classe au primaire, il se donnait à son emploi sans ménagement aucun. Que de compositions françaises, que de dictées,… que d'heures de corrections et de suivis des élèves ! Il venait également dans notre classe une fois par semaine pour une leçon d'histoire du Québec. Ses récits étaient captivants. On appréciait toujours ses visites en classe.

C'est à l'automne 1950 que ma famille a déménagé au nord de la ville, près du parc Dollard. Pour fréquenter l'école Saint-Aimé, je devais marcher une quinzaine de minutes, quatre fois par jour.

Pour ma dernière année d'études au primaire, en septembre 1951, je passe dans la partie neuve de l'école pour entreprendre ma septième année. Ma classe est située au dernier étage, du côté de la cour. Le frère Didace (Omer Fleurant) est mon titulaire et le frère Octavius (Jean-Louis Lemire), le directeur.

Une dizaine d'années plus tard, mon titulaire a passé quelques années comme prof en Afrique et, en fin de carrière, a travaillé comme bibliothécaire en Outaouais. Quant au directeur, il part pour le Cameroun en 1953 où il passera plus d'une trentaine d'années comme professeur ou directeur de collèges. Il décéda à l'âge de 92 ans.

Il y avait trois septièmes années et nous n'étions pas très nombreux par classe: 19 ou 20 élèves. Ma matière préférée a toujours été les mathématiques mais je me débrouillais bien aussi en français. J'aimais également l'analyse logique et grammaticale ainsi que la géographie.

Sans être premier de classe, je me situais toujours parmi les cinq premiers, habituellement le cinquième. Je me suis rapidement adapté à l'école et j'y a pris plaisir. J'avais toujours hâte d'apprendre des choses nouvelles: la géométrie, l'anglais, l'histoire, la géographie, etc. À la maison, je ne traînais pas pour faire mes devoirs, ni pour apprendre mes leçons.

Il me revient à la mémoire un bon nombre d'amis d'enfance. À l'école, j'appréciais les copains Benoît Michel, Rénald Fréchette, Normand Pépin, Claude Labrecque, Sarto Lupien, et autres. Sur la rue Saint-Joseph, j'ai joué avec des Ducharme, des Pinard, des Corbeil, des Dion, etc. Sur la rue Saint-Jean-Baptiste, avec des Thibodeau, des Richard, des Girard, etc.

À la fin de juin 1952, le surintendant de l'Instruction publique de la province de Québec, monsieur Omer-Jules Desaulniers, me faisait parvenir mon Certificat d'études primaires élémentaires, avec la mention Grande distinction. Il était également signé par l'inspecteur d'écoles Camille Girard. J'étais fier de mon premier diplôme.

Jean-Guy LeGault,
L'Ancienne-Lorette,
octobre 2010.


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