par Jean-Guy LeGault
J'ai entrepris mes études post-secondaires à Victoriaville en septembre 1956. Je fréquentais alors l'école normale Sacré-Cœur établie à Arthabaska, en banlieue de Victoriaville. Les deux premières années, j'ai continué mon cours classique et j'étais inscrit en classe de belles-lettres puis, en rhétorique. J'y suivais des cours de français, de latin, de grec, d'anglais, d'histoire, de mathématiques et de religion. Nous avions des professeurs très bien qualifiés. En juin 1958, après de longs examens de dissertation française, d'analyse littéraire, de thème et de version latines, de version grecque, de rédaction anglaise et de mathématiques, j'obtenais le diplôme de l'immatriculation senior, sous la responsabilité de la faculté des arts de l'université de Sherbrooke.
Ces deux années d'études collégiales (belles-lettres et rhétorique) étant équivalentes aux deux premières années du brevet A, m'ont permis d'entrer directement au brevet A IIIe année. Donc, pour l'année scolaire 1958-1959, j'étais inscrit en vue de l'obtention d'un premier diplôme d'enseignement. Des cours de philosophie, de pédagogie, de psychologie, de religion, d'hygiène physique et d'hygiène mentale, de législation scolaire et de diverses méthodologies permettaient alors, après deux petits stages d'enseignement pratique, de nous lancer dans l'enseignement, de la première à la neuvième année, grâce à l'obtention d'un certificat temporaire d'enseignement, bon pour six ans. C'est ce que l'on appelait le certificat B (14 ans de scolarité), à ne pas confondre avec le brevet B (13 ans de scolarité). Pour obtenir le brevet d'enseignement classe A et le baccalauréat en pédagogie, il fallait compléter, soit à temps complet, soit à temps partiel, la quatrième année du brevet A.
Quand je jette un regard rétrospectif sur ces trois années d'études comme pensionnaire à Arthabaska-Victoriaville, je ne peux m'empêcher de reconnaître que la formation reçue était d'aussi bonne qualité sinon meilleure que celle offerte dans les deux établissements scolaires gouvernementaux pour garçons, l'école normale Laval, à Québec et l'école normale Jacques-Cartier, à Montréal.
Comme nous passions des jours et des mois en résidence, l'horaire était savamment orchestré de façon à ce que les étudiants soient occupés du matin au soir. Les journées étaient réparties entre la prière, les cours, les travaux scolaires, le travail manuel et les récréations. Même les jours de congé et les périodes de vacances étaient programmées de façon à ce que les étudiants puissent parfaire leur formation religieuse, physique et intellectuelle. C'était l'époque où on mettait en pratique le dicton suivant: Ange à la prière, homme au travail, enfant au jeu.
C'est ainsi que les journées étaient parsemées de plusieurs exercices de piété: prière du matin, méditation, messe, chapelet, lectures spirituelles, etc. Les jours de fêtes, les offices liturgiques prenaient encore plus de place. La troisième année, on me confia la tâche de sacristain. J'occupais dans le chœur le prie-dieu d'office me permettant de répondre rapidement à toutes urgences «liturgiques». J'étais bien content de cette affectation qui me libérait de bien des tâches moins intéressantes: laver la vaisselle, nettoyer les toilettes, vadrouiller les planchers, peler les patates, etc. De plus, j'étais mon propre patron.
On mettait en pratique la devise: «Mens sana in corpore sano». Il fallait toujours être occupés durant les récréations. La guerre était faite aux «mémères»... On devait pratiquer tous les sports, qu'on aime ça ou non: en hiver, le hockey, la glissade avec de longues traines ou avec des sauteux (sorte de ski surmonté d'un siège), le patinage, etc. Au printemps, on fabriquait d'immenses monuments de neige. À l'été, on pratiquait le tennis, le croquet, la balle molle, le volley-ball, le jeu de fers, la balle au mur, la baignade, etc. À l'automne, c'était principalement le jeu de drapeau et le ballon chasseur. Enfin, d'autres occupations revenaient périodiquement à chaque année: la cueillette de l'eau d'érable, la ramasse des patates, la mise en conserve des légumes, la cueillette des pommes du verger, la préparation des patinoires, etc.
En classe, nous avions des profs bien diplômés possédant un doctorat, une maîtrise ou une licence. J'ai bien apprécié, entre autres, Gérard Bédard, prof de pédagogie et de mathématique, Georges Labrecque, prof de littérature française, de latin et de grec, Maurice Carrier, prof d'histoire. J'ai aimé d'une façon plus particulière les deux directeurs de l'école normale, Maurice Ratté, la première année, et Gaston Benoît, les deux dernières. Le premier s'est révélé un excellent éducateur qui a exercé une grande influence sur nous tous lors de ses conférences bi-hebdomadaires. Quant au deuxième, nous l'appréciions beaucoup pour sa compréhension des jeunes et sa facilité d'adaptation.
Après cette étape de formation, je suis allé enseigner en Beauce pendant trois ans. Après ces années à East Broughton, je retournais sur les bancs d'école pour terminer ma quatrième année du brevet A. C'est à Montréal, à l'école normale Sainte-Croix, située à proximité de l'oratoire Saint-Joseph que je passerai l'année scolaire 1962-1963. Cet établissement comptait environ 120 étudiants.
Nous formions un petit groupe de vie de neuf collègues, dont huit étudiants à l'école normale. J'étais le deuxième plus âgé. Ce fut pour moi, qui arrivait d'un petit village rural et minier, un véritable enchantement. J'ai toujours aimé la ville. Il y avait beaucoup d'endroits à visiter et des activités culturelles insoupçonnées; de plus, un centre sportif avec piscine, gymnase, allées de quille était à notre disposition tous les dimanches soir. J'ai apprécié particulièrement mon prof de philosophie, Vianney Saint-Michel, et mon prof de littérature, Louis-Philippe Morin. En philosophie, nous suivions le programme du B.A. avec six heures par semaine. Nous traversions au collège Notre-Dame pour nous joindre aux quelques étudiants de philo II.
Après cette année d'études, j'étais maintenant détenteur d'un brevet d'enseignement, classe «A» qui, en principe, permettait d'enseigner de la première année du primaire jusqu'à la fin du secondaire. Je me serais mal vu enseigner les sciences au deuxième cycle du secondaire. C'est sans doute la raison pour laquelle on m'a dirigé vers l'enseignement des langues, à la section classique d'écoles secondaires. À la fin d'août 1963, le recteur de l'université de Montréal et sa faculté des arts m'octroyaient un baccalauréat en pédagogie. J'étais maintenant muni de diplômes permanents et j'ai pu entreprendre les sept prochaines années d'enseignement secondaire, aux sections classiques de la Beauce et de la région des Bois-Francs.
De 1961 à 1964, j'étais inscrit à temps partiel à la faculté des arts de l'université de Sherbrooke. Je pouvais ainsi suivre mes cours, soit à la télévision, durant l'année scolaire, soit à Sherbrooke même, durant deux étés en vue de compléter la formation requise pour l'obtention du baccalauréat ès Arts. Les cours les plus appréciés furent ceux donnés par le prof de biologie Jean Robin.
À l'été 1969, je m'étais inscrit à un cours intensif (sept heures par jours, cinq jours par semaine, pendant six semaines) intitulé: stage en audiovisuel et en télévision éducative, offert par la faculté des sciences de l'éducation de l'université Laval de Québec. Sous la gouverne des professeurs Bernard Lachance et Philippe Marton, ce stage m'a charmé et a été un déclencheur pour ma formation future en éducation. J'y reviendrai à temps complet durant les années scolaires 1970-1972.
Entretemps, à l'été 1970, je consacre trois semaines complètes à l'université Saint-Paul d'Ottawa pour participer à un stage en radio-télévision, dans le cadre d'un certificat en communication sociale. Les deux premières semaines, les cours se donnent à même les locaux de l'université. Deux excellents réalisateurs de Radio-Canada Montréal étaient sur place pour cette formation intensive. La dernière semaine étant consacrée à la réalisation radio, c'est dans les studios mêmes de Radio-Canada, localisés à l'hôtel Château-Laurier, que se déroule notre formation. Nous avons à notre service plusieurs personnes de la station qui nous font bénéficier de leur expertise.
En 1970, je bénéficie d'un congé sans solde de la commission scolaire régionale des Bois-Francs de Victoriaville, pour deux ans, afin de compléter une licence en pédagogie, option audiovisuel et de commencer ma scolarité de la maîtrise en éducation, option technologie de l'enseignement, avec champ complémentaire en administration scolaire.
C'est donc à Québec que je déménage mes pénates pour les deux prochaines années, 1970-1972. La première année, je suis en résidence pour étudiants à Saint-Augustin-de-Desmaures. La seconde année, j'ai plutôt opté pour un loyer plus modeste sur la rue Hocquart, à Sainte-Foy, près du cégep Garneau.
Les sessions Aut-70, Hiv-71, Été-71 et Aut-71, me permettent de compléter la scolarité de la licence en pédagogie; à la session Hiv-72, je commence les séminaires de maîtrise en éducation.
La licence en pédagogie, à l'époque, était de deux ans pour ceux qui possédaient déjà le baccalauréat en pédagogie. On devait obtenir 30 crédits en pédagogie et 30 crédits dans l'option sélectionnée.
En pédagogie, j'ai suivi les cours suivants: philo de l'éducation, psycho et techniques de groupe, socio de l'éducation, méthodes et techniques de recherche, statistiques et probabilités appliquées à l'éducation, éthique du développement, théories de la personnalité, mesures et évaluation, relations humaines en éducation et la vie affective des groupes et, enfin, l'organisation et la conduite des réunions administratives et autres en milieu scolaire.
En audiovisuel appliqué à l'éducation, les cours suivants étaient au programme: introduction aux techniques audiovisuelles, documents filmiques, visualisation, l'ordinateur et l'enseignement programmé, phénomènes perceptuels et moyens audiovisuels, organisation et administration d'un service audiovisuel, technologie appliquée à l'éducation et moyens de communication de masse. Voilà pour la licence en pédagogie... C'est monsieur Henri Saint-Pierre, le directeur des études de l'époque, qui me confirma avoir suivi et réussi tous les cours exigés pour l'obtention de ce diplôme.
À l'hiver de l'année 1972, je commence la scolarité de la maîtrise en éducation: cours, séminaires de recherche et essai de fin d'études s'étaleront jusqu'en 1977, car je compléterai mes études à temps partiel, tout en travaillant à temps complet. Je ne peux passer sous silence la grande disponibilité de mon directeur de recherche, monsieur Philippe Marton et son encouragement à mener à bon terme mes études de second cycle. Mon essai de maîtrise présenté à l'école des gradués portait le titre suivant: «Le service de l'audiovisuel du campus Notre-Dame-de-Foy: bilan des activités de 1972 à 1977 et recommandations en vue d'un développement futur.».
À l'été 1972, je m'étais permis une petite escapade de huit semaines à Bloomington, en Indiana. Inscrit à l'Indiana University, School of Education, Department of Instructional System Techonology, j'ai suivi deux cours qui m'ont été crédités à Laval: Preparation of Inexpensive Instructional Materials ainsi que Utilization of Audio-Visual Materials. Cet été-là, nous n'étions qu'une douzaine de Québécois sur 34 000 étudiants. Nous nous réunissions les dimanches soirs pour prendre le souper ensemble. Je m'étais fait un petit groupe d'amis, Georges, Rita, Alice, Gabrielle et Jeannette. Les samedis, nous en profitions pour prendre un autobus et aller nous baigner à une plage du seul lac de l'Indiana, le lac Lemon, qui de plus était un lac artificiel. Un certain samedi matin, nous nous sommes rendus à Indianapolis, la capitale de l'état, située à 46 milles au nord de Bloomington. En circulant dans le plus grand centre d'achat de la ville, nous avons été surpris de constater que toutes les femmes de l'endroit portaient fièrement leurs bigoudis en public lors de leur magasinage hebdomadaire. Ah! ces Américaines... Bloomington était reconnu pour son école de musique. Je me souviens d'avoir pu assister à la présentation de la comédie musicale Fiddler on the Roof.
En guise de conclusion, je peux dire que j'ai été un perpétuel étudiant. Beaucoup de formations additionnelles, de courte durée, peuvent s'ajouter à mon CV. Signalons, à titre d'exemple, un stage d'une semaine en journalisme écrit à Montréal-Matin, un stage de quelques jours à l'office national du film du Canada, même chose à Télé-Québec, une semaine en techniques vidéo à Teccart, une semaine pratique sur les techniques de création de diaporamas au Studio-RM du Cap-de-la-Madeleine, des formations offertes par Performa de l'université de Sherbrooke, des cours télévisés offerts par le MEQ, plusieurs formations en informatique, des cours d'espagnol durant six semaines à la faculté des lettres de Laval, des cours intensifs d'anglais, avec la Method 203 et le prof Paul Bournival, à Saint Anne's Camp, Isle LaMothe, quatre cours de guide touristique à Mérici, des cours de RCR, de cuisine, de Tai Chi, de danse sociale, de lecture rapide, de yoga, etc. etc.
Jean-Guy LeGault,
juin 2011