dimanche 26 juin 2011

Mes études post-secondaires à Victoriaville, Montréal, Sherbrooke, Ottawa, Québec et Bloomington, Indiana.

par Jean-Guy LeGault



J'ai entrepris mes études post-secondaires à Victoriaville en septembre 1956. Je fréquentais alors l'école normale Sacré-Cœur établie à Arthabaska, en banlieue de Victoriaville. Les deux premières années, j'ai continué mon cours classique et j'étais inscrit en classe de belles-lettres puis, en rhétorique. J'y suivais des cours de français, de latin, de grec, d'anglais, d'histoire, de mathématiques et de religion. Nous avions des professeurs très bien qualifiés. En juin 1958, après de longs examens de dissertation française, d'analyse littéraire, de thème et de version latines, de version grecque, de rédaction anglaise et de mathématiques, j'obtenais le diplôme de l'immatriculation senior, sous la responsabilité de la faculté des arts de l'université de Sherbrooke.

Ces deux années d'études collégiales (belles-lettres et rhétorique) étant équivalentes aux deux premières années du brevet A, m'ont permis d'entrer directement au brevet A IIIe année. Donc, pour l'année scolaire 1958-1959, j'étais inscrit en vue de l'obtention d'un premier diplôme d'enseignement. Des cours de philosophie, de pédagogie, de psychologie, de religion, d'hygiène physique et d'hygiène mentale, de législation scolaire et de diverses méthodologies permettaient alors, après deux petits stages d'enseignement pratique, de nous lancer dans l'enseignement, de la première à la neuvième année, grâce à l'obtention d'un certificat temporaire d'enseignement, bon pour six ans. C'est ce que l'on appelait le certificat B (14 ans de scolarité), à ne pas confondre avec le brevet B (13 ans de scolarité). Pour obtenir le brevet d'enseignement classe A et le baccalauréat en pédagogie, il fallait compléter, soit à temps complet, soit à temps partiel, la quatrième année du brevet A.

Quand je jette un regard rétrospectif sur ces trois années d'études comme pensionnaire à Arthabaska-Victoriaville, je ne peux m'empêcher de reconnaître que la formation reçue était d'aussi bonne qualité sinon meilleure que celle offerte dans les deux établissements scolaires gouvernementaux pour garçons, l'école normale Laval, à Québec et l'école normale Jacques-Cartier, à Montréal.

Comme nous passions des jours et des mois en résidence, l'horaire était savamment orchestré de façon à ce que les étudiants soient occupés du matin au soir. Les journées étaient réparties entre la prière, les cours, les travaux scolaires, le travail manuel et les récréations. Même les jours de congé et les périodes de vacances étaient programmées de façon à ce que les étudiants puissent parfaire leur formation religieuse, physique et intellectuelle. C'était l'époque où on mettait en pratique le dicton suivant: Ange à la prière, homme au travail, enfant au jeu.

C'est ainsi que les journées étaient parsemées de plusieurs exercices de piété: prière du matin, méditation, messe, chapelet, lectures spirituelles, etc. Les jours de fêtes, les offices liturgiques prenaient encore plus de place. La troisième année, on me confia la tâche de sacristain. J'occupais dans le chœur le prie-dieu d'office me permettant de répondre rapidement à toutes urgences «liturgiques». J'étais bien content de cette affectation qui me libérait de bien des tâches moins intéressantes: laver la vaisselle, nettoyer les toilettes, vadrouiller les planchers, peler les patates, etc. De plus, j'étais mon propre patron.

On mettait en pratique la devise: «Mens sana in corpore sano». Il fallait toujours être occupés durant les récréations. La guerre était faite aux «mémères»... On devait pratiquer tous les sports, qu'on aime ça ou non: en hiver, le hockey, la glissade avec de longues traines ou avec des sauteux (sorte de ski surmonté d'un siège), le patinage, etc. Au printemps, on fabriquait d'immenses monuments de neige. À l'été, on pratiquait le tennis, le croquet, la balle molle, le volley-ball, le jeu de fers, la balle au mur, la baignade, etc. À l'automne, c'était principalement le jeu de drapeau et le ballon chasseur. Enfin, d'autres occupations revenaient périodiquement à chaque année: la cueillette de l'eau d'érable, la ramasse des patates, la mise en conserve des légumes, la cueillette des pommes du verger, la préparation des patinoires, etc.

En classe, nous avions des profs bien diplômés possédant un doctorat, une maîtrise ou une licence. J'ai bien apprécié, entre autres, Gérard Bédard, prof de pédagogie et de mathématique, Georges Labrecque, prof de littérature française, de latin et de grec, Maurice Carrier, prof d'histoire. J'ai aimé d'une façon plus particulière les deux directeurs de l'école normale, Maurice Ratté, la première année, et Gaston Benoît, les deux dernières. Le premier s'est révélé un excellent éducateur qui a exercé une grande influence sur nous tous lors de ses conférences bi-hebdomadaires. Quant au deuxième, nous l'appréciions beaucoup pour sa compréhension des jeunes et sa facilité d'adaptation.

Après cette étape de formation, je suis allé enseigner en Beauce pendant trois ans. Après ces années à East Broughton, je retournais sur les bancs d'école pour terminer ma quatrième année du brevet A. C'est à Montréal, à l'école normale Sainte-Croix, située à proximité de l'oratoire Saint-Joseph que je passerai l'année scolaire 1962-1963. Cet établissement comptait environ 120 étudiants.

Nous formions un petit groupe de vie de neuf collègues, dont huit étudiants à l'école normale. J'étais le deuxième plus âgé. Ce fut pour moi, qui arrivait d'un petit village rural et minier, un véritable enchantement. J'ai toujours aimé la ville. Il y avait beaucoup d'endroits à visiter et des activités culturelles insoupçonnées; de plus, un centre sportif avec piscine, gymnase, allées de quille était à notre disposition tous les dimanches soir. J'ai apprécié particulièrement mon prof de philosophie, Vianney Saint-Michel, et mon prof de littérature, Louis-Philippe Morin. En philosophie, nous suivions le programme du B.A. avec six heures par semaine. Nous traversions au collège Notre-Dame pour nous joindre aux quelques étudiants de philo II.

Après cette année d'études, j'étais maintenant détenteur d'un brevet d'enseignement, classe «A» qui, en principe, permettait d'enseigner de la première année du primaire jusqu'à la fin du secondaire. Je me serais mal vu enseigner les sciences au deuxième cycle du secondaire. C'est sans doute la raison pour laquelle on m'a dirigé vers l'enseignement des langues, à la section classique d'écoles secondaires. À la fin d'août 1963, le recteur de l'université de Montréal et sa faculté des arts m'octroyaient un baccalauréat en pédagogie. J'étais maintenant muni de diplômes permanents et j'ai pu entreprendre les sept prochaines années d'enseignement secondaire, aux sections classiques de la Beauce et de la région des Bois-Francs.

De 1961 à 1964, j'étais inscrit à temps partiel à la faculté des arts de l'université de Sherbrooke. Je pouvais ainsi suivre mes cours, soit à la télévision, durant l'année scolaire, soit à Sherbrooke même, durant deux étés en vue de compléter la formation requise pour l'obtention du baccalauréat ès Arts. Les cours les plus appréciés furent ceux donnés par le prof de biologie Jean Robin.


À l'été 1969, je m'étais inscrit à un cours intensif (sept heures par jours, cinq jours par semaine, pendant six semaines) intitulé: stage en audiovisuel et en télévision éducative, offert par la faculté des sciences de l'éducation de l'université Laval de Québec. Sous la gouverne des professeurs Bernard Lachance et Philippe Marton, ce stage m'a charmé et a été un déclencheur pour ma formation future en éducation. J'y reviendrai à temps complet durant les années scolaires 1970-1972.

Entretemps, à l'été 1970, je consacre trois semaines complètes à l'université Saint-Paul d'Ottawa pour participer à un stage en radio-télévision, dans le cadre d'un certificat en communication sociale. Les deux premières semaines, les cours se donnent à même les locaux de l'université. Deux excellents réalisateurs de Radio-Canada Montréal étaient sur place pour cette formation intensive. La dernière semaine étant consacrée à la réalisation radio, c'est dans les studios mêmes de Radio-Canada, localisés à l'hôtel Château-Laurier, que se déroule notre formation. Nous avons à notre service plusieurs personnes de la station qui nous font bénéficier de leur expertise.

En 1970, je bénéficie d'un congé sans solde de la commission scolaire régionale des Bois-Francs de Victoriaville, pour deux ans, afin de compléter une licence en pédagogie, option audiovisuel et de commencer ma scolarité de la maîtrise en éducation, option technologie de l'enseignement, avec champ complémentaire en administration scolaire.
C'est donc à Québec que je déménage mes pénates pour les deux prochaines années, 1970-1972. La première année, je suis en résidence pour étudiants à Saint-Augustin-de-Desmaures. La seconde année, j'ai plutôt opté pour un loyer plus modeste sur la rue Hocquart, à Sainte-Foy, près du cégep Garneau.

Les sessions Aut-70, Hiv-71, Été-71 et Aut-71, me permettent de compléter la scolarité de la licence en pédagogie; à la session Hiv-72, je commence les séminaires de maîtrise en éducation.

La licence en pédagogie, à l'époque, était de deux ans pour ceux qui possédaient déjà le baccalauréat en pédagogie. On devait obtenir 30 crédits en pédagogie et 30 crédits dans l'option sélectionnée.

En pédagogie, j'ai suivi les cours suivants: philo de l'éducation, psycho et techniques de groupe, socio de l'éducation, méthodes et techniques de recherche, statistiques et probabilités appliquées à l'éducation, éthique du développement, théories de la personnalité, mesures et évaluation, relations humaines en éducation et la vie affective des groupes et, enfin, l'organisation et la conduite des réunions administratives et autres en milieu scolaire.

En audiovisuel appliqué à l'éducation, les cours suivants étaient au programme: introduction aux techniques audiovisuelles, documents filmiques, visualisation, l'ordinateur et l'enseignement programmé, phénomènes perceptuels et moyens audiovisuels, organisation et administration d'un service audiovisuel, technologie appliquée à l'éducation et moyens de communication de masse. Voilà pour la licence en pédagogie... C'est monsieur Henri Saint-Pierre, le directeur des études de l'époque, qui me confirma avoir suivi et réussi tous les cours exigés pour l'obtention de ce diplôme.

À l'hiver de l'année 1972, je commence la scolarité de la maîtrise en éducation: cours, séminaires de recherche et essai de fin d'études s'étaleront jusqu'en 1977, car je compléterai mes études à temps partiel, tout en travaillant à temps complet. Je ne peux passer sous silence la grande disponibilité de mon directeur de recherche, monsieur Philippe Marton et son encouragement à mener à bon terme mes études de second cycle. Mon essai de maîtrise présenté à l'école des gradués portait le titre suivant: «Le service de l'audiovisuel du campus Notre-Dame-de-Foy: bilan des activités de 1972 à 1977 et recommandations en vue d'un développement futur.».

À l'été 1972, je m'étais permis une petite escapade de huit semaines à Bloomington, en Indiana. Inscrit à l'Indiana University, School of Education, Department of Instructional System Techonology, j'ai suivi deux cours qui m'ont été crédités à Laval: Preparation of Inexpensive Instructional Materials ainsi que Utilization of Audio-Visual Materials. Cet été-là, nous n'étions qu'une douzaine de Québécois sur 34 000 étudiants. Nous nous réunissions les dimanches soirs pour prendre le souper ensemble. Je m'étais fait un petit groupe d'amis, Georges, Rita, Alice, Gabrielle et Jeannette. Les samedis, nous en profitions pour prendre un autobus et aller nous baigner à une plage du seul lac de l'Indiana, le lac Lemon, qui de plus était un lac artificiel. Un certain samedi matin, nous nous sommes rendus à Indianapolis, la capitale de l'état, située à 46 milles au nord de Bloomington. En circulant dans le plus grand centre d'achat de la ville, nous avons été surpris de constater que toutes les femmes de l'endroit portaient fièrement leurs bigoudis en public lors de leur magasinage hebdomadaire. Ah! ces Américaines... Bloomington était reconnu pour son école de musique. Je me souviens d'avoir pu assister à la présentation de la comédie musicale Fiddler on the Roof.

En guise de conclusion, je peux dire que j'ai été un perpétuel étudiant. Beaucoup de formations additionnelles, de courte durée, peuvent s'ajouter à mon CV. Signalons, à titre d'exemple, un stage d'une semaine en journalisme écrit à Montréal-Matin, un stage de quelques jours à l'office national du film du Canada, même chose à Télé-Québec, une semaine en techniques vidéo à Teccart, une semaine pratique sur les techniques de création de diaporamas au Studio-RM du Cap-de-la-Madeleine, des formations offertes par Performa de l'université de Sherbrooke, des cours télévisés offerts par le MEQ, plusieurs formations en informatique, des cours d'espagnol durant six semaines à la faculté des lettres de Laval, des cours intensifs d'anglais, avec la Method 203 et le prof Paul Bournival, à Saint Anne's Camp, Isle LaMothe, quatre cours de guide touristique à Mérici, des cours de RCR, de cuisine, de Tai Chi, de danse sociale, de lecture rapide, de yoga, etc. etc.

Jean-Guy LeGault,
juin 2011

5- Mes quatre années d'enseignement à la C.S.R. des Bois-Francs, Victoriaville, 1966-1970

par Jean-Guy Legault

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En 1966, je suis de retour à Victoriaville pour les quatre prochaines années d'enseignement au secondaire, section classique. La première année, je réside au 905, boulevard des Bois-Francs Sud, dans le secteur d'Arthabaska. Plus jeune, j'y avais fait une bonne partie de mes études secondaires, collégiales et psychopédagogiques.

Durant l'année scolaire 1966-1967, je reviens à mon Alma Mater à titre de professeur-titulaire de la 10e classique. Le collège d'Arthabaska, un établissement d'enseignement privé avec pensionnat, est alors associé à la commission scolaire régionale des Bois-Francs (CSRBF). J'y enseigne le français, le latin, le grec et l'histoire des civilisations gréco-latines. De plus, on a ajouté à ma tâche, quatre périodes d'enseignement du français aux élèves de la 10e sciences-lettres. Ma classe principale compte 18 élèves, 10 pensionnaires et 8 externes. Par contre au scientifique, j'ai seulement cinq élèves. Je n'ai pas tellement aimé ce petit groupe de cinq: un fort, deux moyens, deux faibles. Ça manquait de dynamisme.

La deuxième année, en 1967-1968, je déménage mes pénates à Victoriaville «downtown» dans une résidence pouvant accueillir une douzaine de personnes, dont plusieurs plus jeunes que moi. Pendant trois ans, j'ai pignon sur rue au 42 Monfette, à Victoriaville. J'enseigne à l'école Saint-Wilfrid rebaptisée école Le Manège où je peux facilement me rendre à pied. Un seul niveau, 2e secondaire; deux groupes d'élèves seulement; deux matières, latin et grec. Ma préparation a été très allégée car j'avais déjà enseigné à ce niveau. Petitmangin, en latin, et Ikaros, en grec, étaient pour moi de très bons amis. Mes collègues dirigeaient ou enseignaient dans d'autres établissements de Victoriaville: école Massicotte, école Morissette et «académie» Saint-Louis-de-Gonzague. Cette dernière portait un titre assez ronflant pour une simple école primaire.

La troisième année, en 1968-1969, je suis affecté à l'école J.-P.-H.-Massicotte, autrefois École secondaire pour garçons. Trois groupes de 3e secondaire et trois groupes de 4e secondaire. Professeur de latin. Je rencontrais chacun de mes six groupes trois fois par semaine (environ 180 élèves). Et mon horaire était très échevelé... Année très difficile ! J'ai dû quitter avant la fin d'année pour burn-out.

La quatrième année, en 1969-1970, je suis transféré à l'école Albert-Morissette que fréquentaient environ 1000 étudiantes. Avant de la renommer, cette école était connue sous le nom de l'École secondaire pour filles. C'était une nouveauté pour moi; auparavant, je n'avais enseigné qu'aux garçons. J'y étais prof de latin en 3e année du secondaire (36 filles) et à trois groupes de 22 à 27 élèves de secondaire 2. Très belle année. Élèves studieuses et disciplinées. C'était du gâteau.

Les implications dans le milieu:

À Victoriaville, nous étions bien intégrés au milieu. Certains de mes collègues animaient des troupes de scouts, de louveteaux ou de pionniers. D'autres étaient entraîneurs des équipes de hockey Bantam. Michel J. était secrétaire du syndicat des enseignants. Bertrand participait au mouvement des Cursillos. André avait créé l'école des sports de Victoriaville. Denis animait un ciné-club étudiant. Claude et Raymond s'occupaient d'une famille démunie. Georges donnait des cours de sécurité routière aux chauffeurs d'autobus scolaires. Michel L. était coordonnateur des services de loisirs pour le Centre-du-Québec. Edgar s'occupait activement de l'amicale des anciens de son école. Plusieurs étaient engagés dans les mouvements d'action catholique de jeunes et œuvraient aussi au camp diocésain de Nicolet. Tous participaient aux activités de la Pastorale des religieux et religieuses.

Pour ma part, j'ai travaillé activement au sein du comité d'information chrétienne (CIC). Chaque semaine, nous publiions dans les hebdos régionaux, L'Union des Cantons de l'Est de Victoriaville et La Parole de Drummondville, une page complète portant à réflexion. Nous couvrions aussi l'actualité religieuse de la région. Je faisais parvenir plusieurs communiqués pour les pages régionales de La Tribune et du Nouvelliste et j'alimentais également les hebdos L'Union, La Nouvelle et L'Écho des Bois-Francs. D'autres brefs communiqués était envoyés au poste de radio local, CFDA. De plus, je m'occupais de la comptabilité de cet organisme à but non-lucratif.

En 1969 et 1970, j'ai aussi été directeur du bulletin Échange, publié quatre fois par année. Cette «feuille de chou» permettait aux missionnaires FSC de Madagascar et du Cameroun de garder contact avec leur famille et avec leurs confrères des Bois-Francs.

Cours de perfectionnement durant ces quatre années:

De 1966 à 1970, je n'ai pas hésité à suivre plusieurs cours de perfectionnement à travers lesquels on devine un certain intérêt pour les communications; d'autres, plus brefs, dénotent certains goûts particuliers.

-Stage d’initiation au journalisme écrit, OCS, Montréal-Matin (1 sem.) 1968
-Stage sur les techniques du diaporama, Studio RM, 3-Riv. (1 sem.) 1969
-Stage en AV et TV éducative, Université Laval (6 sem.) été 1969
-Cours télévisé, Intro à l’Audiovisuel. Université de Montréal (2 cr) 1970
-Stage en radio-tv, Université Saint-Paul, Ottawa (80 h) été 1970
-CCC, Québec, session d’études sociales, (15 h) 1967
-Saint-Anicet (Montérégie), session de spiritualité (100 jours) hiver 1968
-Victoriaville, SAAQ, cours de perfectionnement en sécurité routière, 1969
-Tingwick, Mont-Gleason, cours de perfectionnement ski alpin, hiver 1970.

Expo 67 et Terre des Hommes:


En auto, nous n'étions qu'à 1h20 du pont Jacques-Cartier et des Îles de l'Expo. Nous avons eu plusieurs occasions de communier à ce point tournant dans le développement social, économique, culturel et urbanistique de Montréal et du Québec tout entier.

Construction d'une nouvelle résidence:

À l'été 1970, pour permettre à la commission scolaire de Victoriaville d'y installer ses bureaux, nous avons dû libérer la résidence de la rue Monfette. Nous sommes donc déménagés temporairement à Arthabaska pendant la construction de la nouvelle résidence du 62, boulevard Sainte-Croix. C'est Lionel et moi-même qui avons suggéré les plans à l'entrepreneur et avons supervisé la réalisation. Douze chambres, trois salles de bain, une salle d'eau, deux salons, cuisine, salle à manger. Tout ça pour environ 40 000$.

En guise de conclusion:

Ces quatre années passées au cœur des Bois-Francs m'ont permis de m'intégrer pleinement à la population locale. J'y ai créé de belles amitiés que, malheureusement, je n'ai pas pu entretenir.

Les deux années suivantes, 1970-1972, je serai étudiant à temps complet au département de Technologie éducative de la faculté des sciences de l'éducation de l'université Laval. Ce sera également une autre belle expérience. Nous reviendrons éventuellement sur ces années de perfectionnement.

P.S.: Parmi ceux qui résidèrent sur la rue Monfette de 1967 à 1970, seuls les quatre plus anciens persévérèrent en communauté; les neuf autres retournèrent à la vie civile, prirent femme et la plupart sont devenus pères de famille et même grand-pères.

Jean-Guy LeGault,
L'Ancienne-Lorette, septembre 2010.

Lettre au Supérieur général , Frère Maurice Ratté, le 4 mars 1971

Rien ne va plus je demande conseil au Supérieur général, frère Maurice Ratté.



Lettre du Frère Maurice Ratté sup. gén. 24 mars 1971

Réponse du Frère Ratté sup. géné à ma lettre du 4 mars 1971



Correspondance du conseil provincial









Fondation de la nouvelle fraternité - Lac Corbeau Janvier 1971

Voici le rapport de cette réunion que nous présentions au conseil provincial à la fin de janvier 1971:



Demande de création d'une nouvelle fraternité

Le 19 aoùt, avec les frères Raymond Mayer et BA, nous demandions explicitement au conseil général de la communauté que le projet d'une nouvelle fraternité que nous voulions former avec quelques jeunes soit relié à la Maison généralice plutôt qu'à la Province communautaire de Montréal.,  Voici la copie de cette lettre

Et voici quelle fut  la réponse du Frère Ratté Sup. général à notre demande:.


mardi 21 juin 2011

Mes années d'enseignement à la section classique St-Georges de Beauce - 1963-66

Après une année d'études à temps complet à Montréal durant l'année scolaire 1962-1963, je reprenais ma tâche d'enseignant, cette fois, à la Commission scolaire régionale de La Chaudière (CSRC), à Ville Saint-Georges, en Beauce. À l'époque, les fusions municipales n'étaient pas encore très populaires. Saint-Georges-Est comptaient 6000 habitants et Saint-Georges-Ouest, à peu près le même nombre. Aujourd'hui, en 2010, Saint-Georges s'est beaucoup développée et aussi, grâce aux fusions, la municipalité compte au moins 30 000 habitants.

En 1963, on commençait à créer les Commissions scolaires régionales et on songeait à bâtir les premières écoles secondaires polyvalentes. C'était Marius Bélanger, de Saint-Côme, qui a été le premier président de la CSRC. Chaque hiver, il était foreman dans un chantier de bûcherons du Maine. À tous les 15 jours, un technicien en administration se rendait au chantier pour faire signer les chèques de paye de tous les employés de la CSRC.

Au cours de l'année scolaire 1963-64, je suis professeur-titulaire de la 8e année classique à l'école Lacroix, à Saint-Georges-Est, où l'on a regroupé les garçons des deux premières années du secondaire; je suis professeur de français, de latin, des mathématiques et de catéchèse. En plus, je surveille les cinq études du matin et les cinq périodes de travaux scolaires en fin d'après-midi.

L'année scolaire 1964-1965, je suis toujours à l'école Lacroix mais titulaire de la 9e année classique; mon horaire prévoit l'enseignement du français, du latin, du grec et de la catéchèse. Des surveillances d'études, de travaux personnels et de deux périodes du dîner. On me confie également deux périodes d'enseignement de l'espagnol dans le cadre des activités dirigées.

Enfin, durant l'année scolaire 1965-1966, je suis promu encore une fois et me voilà titulaire de la 10e année classique pour garçons à l'école Notre-Dame-de-la-Trinité, à Saint-Georges-Ouest. J'assume l'enseignement du français, du latin, du grec, de la catéchèse et la surveillance des études et des travaux personnels. On ajoute à mon horaire quatre périodes d'enseignement de la dactylo dans la classe de la 10e année commerciale.

Comme la commission scolaire avait vraiment une vocation régionale, mes élèves provenaient de 17 municipalités différentes. Au total: 36 élèves, la plupart ayant eu l'avantage de m'avoir comme titulaire trois années de suite. Était-ce vraiment un avantage ?

Leur provenance:
La Guadeloupe 1 Notre-Dame-des-Pins 1
Ste-Aurélie 3 St-Benoit 1
St-Benjamin 4 St-Côme 4
St-Éphrem 3 St-Gédéon 2
St-Georges-Est 4 St-Georges-Ouest 4
St-Honoré 1 St-Ludger 1
St-Martin 1 St-Philibert 1
St-Prosper 3 St-René 1
St-Théophile 1

Durant ces trois années, 1963-1966, j'habitais sur le boulevard Lacroix-Est, à Saint-Georges. J'ai enseigné pendant deux ans, tout juste en face, à l'école Lacroix. Le directeur était Borromée Bourque. La dernière année, je devais traverser le pont de la rivière Chaudière pour atteindre l'école Notre-Dame-de-la-Trinité où Lionel Bécotte était alors directeur.

Je garde un excellent souvenir de mes confrères de Saint-Georges: Jean-Charles, le supérieur, Lionel, le directeur du secteur garçons à N-D-de-la-Trinité, Arthur, le bibliothécaire, Louis-Philippe, prof au CPES et les autres enseignants: Henri, Denis, Jean-Marc et Jean-Pierre. Au total, nous étions neuf éducateurs religieux dont seulement quatre persévérèrent.

Les loisirs à Saint-Georges:

À l'automne, la chasse au petit gibier occupait une bonne partie de nos samedis. À cinq ou six, nous envahissions les bois environnants, près de la rivière Famine, du côté de Saint-Philibert ou dans les environs de Saint-Honoré-de-Shenley. Nous chassions le lièvre à la carabine de calibre 22. Il n'était pas rare de revenir à la maison avec 20 ou 25 lièvres, parfois plus. On en mangeait souvent en civet et on en avait assez pour en donner.

En hiver, nous aimions parcourir à skis les vastes terrains du séminaire de Saint-Georges. On faisait du cross-country. Mais ce qui nous plaisait davantage, c'était les quelques journées passées au centre de ski alpin de Vallée-Jonction. Bien qu'assez rudimentaire, le centre nous permettait de faire plusieurs descentes dans la même demi-journée. Pour remonter la côte, nous nous agrippions à un câble actionné par un moteur, tout en essayant de garder les skis dans les ornières. En fin de journée, nous commencions à avoir les bras morts et parfois le câble nous glissait des mains et tachait nos parkas.

Contrairement aux habitants de Saint-Jovite dans les Laurentides, les Beaucerons n'avaient pas l'occasion de voir les «flying robes». Pour pratiquer ce sport, on prenait soin d'enlever nos «costumes» de sacristie. Hum !

À une occasion, nous avons traversé la frontière américaine pour passer une journée complète à dévaler les pentes à Enchanted Mountain, au Lake Parlin, près de Jackman dans le Maine. Poma et T-bars étaient à notre disposition. Quel progrès en comparaison avec le centre de ski de Vallée-Jonction !

À une occasion, je me souviens d'avoir endossé l'uniforme du joueur de hockey pour une rencontre amicale entre professeurs et élèves. Je ne crois pas avoir soulevé l'enthousiasme de la foule. Par contre, mon collègue Jean-Marc était très apprécié comme gardien de but.

Avec Denis Rousseau, j'ai goûté aux joies de la pêche sportive. Chaque printemps, nous parcourions quelques lacs de la région. Je me souviens du lac Poulin, à Saint-Benoît-Labre. Parfois, au cours de la troisième année, nous nous rendions même au lac Sunday, dans la municipalité de Saints-Martyrs-Canadiens.

Les sorties culturelles:

Le directeur d'école, Lionel Bécotte, organisait à chaque année de fameux débats oratoires entre les élèves de différentes écoles secondaires de la Beauce. Ces soirées attiraient beaucoup de spectateurs au vieux théâtre de Saint-Georges-Ouest.

Chaque année, nous avions l'occasion d'assister à une dizaine de concerts offerts par les Jeunesses musicales du Canada. De plus, je me souviens également d'avoir assisté au Cinéma de Saint-Georges-Est à un récital de notre chansonnier Gilles Vigneault. Sa mère était présente dans la salle.

La grande salle de l'école Notre-Dame-de-la-Trinité accueillait à la fin de chaque année scolaire de belles soirées musicales où les talents locaux étaient très appréciés. De sosies du groupe César et ses Romains avaient été chaudement applaudis.

La vie pédagogique de l'école:

Sous l'habile gouverne du directeur des Services pédagogiques de la Régionale, Jean-Charles Daigneault, qui était apprécié de tous, durant l'année scolaire 1965-1966, plusieurs comités, formés d'enseignants des différentes matières, se réunirent fréquemment pour préparer les devis pédagogiques de la future polyvalente de Saint-Georges. Pour ma part, je me souviens d'avoir été élu président du comité des langues et civilisations gréco-latines.

L'Opération 55 avait pour but de regrouper tous les élèves du secondaire public du Québec en 55 commissions scolaires régionales. Celle de La Chaudière fut la cinquième de la province à être créée. Les administrateurs de ces regroupements n'ont pas toujours eu la tâche facile, surtout en Beauce où chaque petite municipalité voulait avoir une polyvalente dans sa cour. Et dans bien des cas, il semble que pour les Beaucerons, il était impossible de «remonter le courant de la rivière». En effet, les Beaucevillois ne voulaient pas fréquenter les écoles de Saint-Georges; les habitants de Saint-Joseph ne voulaient pas envoyer leurs élèves à Beauceville; jamais un Georgien n'aurait fréquenté une école située à Saint-Martin, et ainsi de suite.

L'achat d'une première voiture:

Au printemps 1965, une grande nouveauté. La communauté décide d'acheter une première voiture, une Ford de l'année. Personne ne possède de permis de conduire. Cinq d'entre nous décident de prendre le volant à tour de rôle pour faire quelques pratiques dans les environs et l'on se rend à Saint-Joseph-de-Beauce, le chef-lieu du comté, pour passer les examens théoriques et pratiques. Une formation... accélérée. Il en coûtait à l'époque deux dollars pour obtenir le permis, bon pour deux ans. Aujourd'hui, il faut payer aux environs de 86$ pour la même durée.

Les principales usines de Saint-Georges:

À St-Georges, du côté ouest, on retrouvait la Dionne Spinning Mills. Cette entreprise de textile manquait de main-d'œuvre dans les années 30. Le propriétaire Ludger Dionne s'est tourné vers l'étranger et a recruté une centaine de Polonaises dont un bon nombre se sont établies dans la région par la suite.

Du côté est, la compagnie Saint-Georges Woolen Mills, propriété de monsieur Edouard Lacroix, était située à proximité du ruisseau de l'Ardoise et de l'église de L'Assomption. Cette entreprise employait plusieurs personnes également. On y fabriquait des tissus de laine destinés à la confection de vêtements.
Canam-Manac, Procycle, Beauce Métal, Murox et plusieurs autres entreprises n'étaient pas encore créées.

Les églises de Saint-Georges:

L'église de la paroisse-mère de Saint-Georges a été construite à l'ouest de la rivière Chaudière au tout début du 20e siècle. Ce joyau patrimonial charme les visiteurs par son architecture et sa riche et abondante décoration intérieure constituée de sculptures, de dorures et d'œuvres d'art.

Du côté est de la rivière, l'abbé Jean Duval fut, en 1950, le véritable fondateur de la paroisse de L'Assomption. Il fut choisi par l'évêque pour sa qualité de diplomate. Le milieu paroissial et municipal de St-Georges avait grand besoin de cette qualité car l'éventuelle division de la paroisse créait de vives tensions.

La syndicalisation des enseignants religieux:

Au printemps 1965, tout le personnel enseignant du secteur public québécois devait adhérer à la Centrale de l'enseignement du Québec (CEQ) et par conséquent participer au Régime de retraite des enseignants (RRE). Religieux et laïcs étaient maintenant traités sur le même pied. Même salaire, même fonds de retraite, même cotisation.

Je me souviens que, lors de la négociation provinciale de 1963, les enseignantes se battaient alors pour obtenir le même salaire que les infirmières, soit 100$ par semaine. Surprenant !

Conclusion:

J'ai bien apprécié mon séjour de trois ans à Saint-Georges. C'est avec regret que j'ai dû quitter cette région pour celle des Bois-Francs. J'y passerai les quatre prochaines années avant de m'établir définitivement à Québec, la capitale nationale.

Jean-Guy LeGault,
L'Ancienne-Lorette,
septembre 2010.


jeudi 16 juin 2011

3- Mes premières années d'enseignement East Broughton, Beauce, 1959-1962


par Jean-Guy Legault
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À la fin de l'année scolaire 1958-1959, j'obtenais un premier diplôme me permettant d'enseigner au Québec, de la première à la neuvième année. Je venais d'avoir 19 ans.

Une première affectation m'envoyait à l'école Saint-Alphonse de Victoriaville, comme titulaire d'une classe de 5e année du primaire. Je n'ai eu que le temps de m'y installer qu'aussitôt je devais refaire ma valise pour un petit village de la Beauce qui m'était totalement inconnu, East Broughton pour ne pas le nommer. Pour l'année scolaire 1959-1960 et les deux suivantes, je devenais professeur et titulaire de la 7e année, au collège Notre-Dame-du-Sacré-Coeur.

Cette petite école paroissiale de huit salles de classe recevait les garçons de la 4e année du primaire à la 10e année inclusivement. Le frère Gilles (Charles-Émile Tousignant) officiait comme directeur-fondateur. Le frère Martin (Gilbert Allard) avait en charge la 10e année, le frère Albert (Thomas Toutant), la 9e et moi-même la 7e. Le frère Uldéric (Cantin), retraité et artiste-peintre à ses heures, complétait la petite communauté d'East Broughton. Deux professeurs laïcs, dont monsieur Albert Turmel, surnommé «La Compétince» (sic), ainsi que trois «maîtresses», comme on les appelaient à l'époque, complétaient le personnel de l'école. L'année suivante, le frère Martin quittait pour le Cameroun et fut remplacé par le frère Julius (Henri Gélinas). Quant au frère Uldéric, il regagna la maison provinciale d'Arthabaska. Enfin, la troisième année, le frère Blaise (André Toutant) remplaça le frère Gilles comme directeur. Ces six confrères persévérèrent en communauté. Pas moi !

À l'époque, la paroisse Sacré-Cœur-de-Jésus comptait environ 3300 paroissiens et desservait trois municipalités, à peu près d'égale population: East Broughton village, East Broughton station et Sacré-Coeur-de-Jésus paroisse. Le curé Ferland et les deux vicaires Poulin et Gilbert habitaient l'immense presbytère, maintenant devenu un Centre d'emploi. Plusieurs résidents d'East Broughton travaillaient à la mine d'amiante Carey. Même le président de la Commission scolaire Joseph-Henri Lessard y trouvait son gagne-pain. N'ayant pas fait de longues études, il parsemait ses discours de «dont auquel» qui nous faisaient sourire. Ayant accueilli le premier directeur chez lui, lors de la fondation du collège, le président et son épouse l'avaient invité à se «crocheter sur la pantère». Surprenant, n'est-ce pas ?

La première année, j'avais 29 élèves en classe dont cinq Vachon et huit Lessard. Parmi les Vachon, il me fallait toujours préciser si je désignais Clermont Vachon à Marcel ou Clermont Vachon à Odilon... Parmi les Lessard, trois Daniel et deux Claude. Daniel à Joseph-Émilien, Daniel à Joseph-Albert et Daniel à Odilon. Claude à Henri-Paul et Claude à Alphonse... Toute une gymnastique ! L'année suivante, j'ai été plus chanceux: sept Lessard, mais aucun du même prénom; deux Vachon: Gilles Vachon-Fortin et Michel Vachon-Gosselin. Enfin, la troisième année, deux Lessard et trois Vachon. Aussi deux frères Grenier, deux Grondin, deux Paré, deux Rodrigue et deux Roy, des noms de famille typiques de la Beauce.

Comme professeur de septième année, à l'époque, nous devions préparer les élèves à deux événements importants: la communion solennelle et le certificat de fin d'études du primaire émis par le Département de l'Instruction publique. Croyez-le ou non, à East Broughton, les élèves «marchaient encore au catéchisme». Tous les élèves de septième année de la paroisse, garçons et filles, tous les jours pendant deux semaines, devaient se rendre à la sacristie de l'église. Le curé et les vicaires les «sermonnaient» assez pour les ennuyer... De plus, l'examen de fin d'année, en cette matière, avait lieu au début de juin. C'était à chaque titulaire de classe que revenait la tâche de les préparer à cette épreuve. La troisième année, neuf de mes élèves s'étaient classés parmi les 10 premiers de la paroisse. Et on dit que les garçons réussissent moins bien que les filles... Il faut dire que j'y avais mis le paquet en faisant réviser, ad nauseam, les examens des six ou sept dernières années. La mémorisation ne faisait mourir personne à l'époque...

En 1961-1962, le nouveau directeur m'avait confié une classe à deux divisions: sixième et septième années. Comme c'étaient les meilleurs des deux divisions, j'avais obtenu l'autorisation de les présenter tous aux examens du certificat de fin d'année. J'ai obtenu le succès désiré. Tous ont réussi sauf un qui était beaucoup trop faible. Il faut dire que la septième année du cours primaire ne leur apprenait pas grand chose de neuf. La preuve, c'est que, huit ou neuf ans plus tard, le ministère de l'Éducation supprimait la septième année.

Lorsque je suis arrivé à East Broughton, l'école des garçons venait de perdre sa patinoire qui fut déménagée sur les terrains de la Fabrique, près de l'église. Gilbert et moi voulions pratiquer des sports d'hiver. Nous avons fait venir d'Arthabaska deux «sauteux». Une bibitte rare formée d'un ski unique, surmonté d'un siège. Nous arpentions les montagnes de résidu minier de la Carey Canadian Mine. Le sauteux, que certains appelaient «jumper», épatait les Broughtonnais; ils n'avaient jamais vu pareille chose.

Puis, il a fallu se mettre au goût du jour. L'année suivante, je chaussais avec Henri ma première paire de skis, dit «alpin». Je n'allais pas pour autant goûter aux joies des téléphériques, des pomas, des télésièges ou des télécabines. Il s'agissait tout simplement de détacher la partie arrière des harnais et hop ! on était prêts pour la balade dans les champs environnant le collège.

Lors de mes études secondaires et collégiales à Arthabaska et à Bromptonville, mes parents pouvaient facilement venir me rendre visite en utilisant les services des autobus intercités. Mais comment partir d'Asbestos et atteindre facilement East Broughton, en Beauce ? Il aurait fallu monter à bord d'un autobus à Asbestos, transférer à Victoriaville, et à Plessisville, puis à Thetford-Mines et enfin arriver à East Broughton. Tout un parcours ! C'est sans doute ce qui a aidé Lionel, mon père, à acheter, au printemps 1960, sa première voiture, une Plymouth 1958. Je ne me permettrai pas ici de raconter toutes les émotions et même les aventures que mon père a fait vivre à sa famille. Très nerveux au volant, il faisait tout de même son possible. Ma conjointe le désignait comme un miraculé de la route. Ce n'est pas peu dire !

Fait cocasse, au printemps 1960, lors d'une visite de la famille Legault, mes sœurs Lise et Huguette avaient apporté leur radio à transistors. En après-midi, elles décident d'aller prendre des rafraîchissements dans un resto situé sur la rue Principale. Je ne sais pas si l'Estrie était en avance sur la Beauce, toujours est-il que les gens du village étaient surpris de constater que l'on pouvait écouter de la musique tout en circulant.

En plus de ma classe, je devais m'occuper d'action catholique. On m'avait confié la charge d'animer la Croisade eucharistique: les Croisés. Les rencontres mensuelles, heureusement assez espacées, avaient lieu après la classe de l'après-midi, un moment assez mal choisi, dû à la fatigue de tous et chacun. De plus, j'assistais le directeur pour superviser le groupe des «enfants de chœur» à la grand-messe du dimanche. Un certain dimanche matin, le directeur ayant dû s'absenter, je me souviens d'avoir manipulé la claquette avec une certaine habileté. J'ai été surpris de constater le pouvoir que j'avais de faire lever, agenouiller et asseoir toute cette foule...

Au début des années 1960, les commissions scolaires n'avaient pas les services d'une direction générale. Beaucoup de responsabilités étaient laissées au directeur d'école. Nous enseignions durant 193 ou 194 jours par année. Il n'y avait pas de semaine relâche. Dans chaque région, il y avait un inspecteur d'écoles. Le nôtre se nommait Fortunat Royer. Il organisait à Sainte-Marie-de-Beauce ou à Saint-Joseph-de-Beauce une réunion pédagogique en début d'année et une autre à la fin. En revenant à la salle de rencontre après l'heure du dîner, il avait l'habitude de dire: «J'en vois qui n'y sont pas...» C'est à lui également que revenait la tâche de superviser les corrections des examens de fin d'année. Deux fois par d'année, il visitait chaque classe de son district.

Les loisirs culturels n'étaient pas très nombreux dans ce petit village. Inutile de souligner qu'il n'y avait pas de bibliothèque municipale. Heureusement, nous recevions quotidiennement par la poste les journaux suivants: Le Devoir et L'Action catholique. Les deux dernières années, c'est moi qui faisait office de facteur. Tous les après-midis après les classes, je me rendais à pied au bureau de poste qui était assez éloigné du collège.

Le gérant de la caisse populaire, Émilien (Tit-Milien) Lessard recevait les déposants dans le solarium de sa résidence. Pas d'affiche pour aviser les voleurs... J.-A. Turcotte, le croque-mort de l'endroit exposait les défunts dans son salon familial. Le pharmacien local, J.-Émilien Lessard (Gros-Milien), tenait son commerce à même sa résidence familiale. La vendeuse de meubles, madame Royer, logeait à l'étage de son magasin. Madame Turmel tenait, à même sa résidence, un magasin de «Coupons pour bébé à la verge» !!!

Sur semaine, Tit-Milien et Gros-Milien chantaient deux messes par matin, à l'église. L'un était d'une lenteur exaspérante, l'autre chantait à toute vitesse en escamotant plusieurs syllabes. Gabrielle, la femme du pharmacien, était l'organiste de la paroisse. Un dimanche soir alors que nous étions au jubé pour chanter les Vêpres, elle portait un joli petit chapeau avec plume, exactement semblable à celui de Robin des Bois. Nous venions tout juste de visionner une épisode de cette série. Inutile de vous dire que nous avons dû retenir nos sourires...

Un peu plus tard, en 1962, on a bâti une vraie caisse populaire en ayant soin d'y déménager le salon mortuaire au demi-sous-sol. Quelle nouveauté pour l'endroit ! Les commères du village n'ont pas manqué de s'y rendre en grand nombre lors de la première exposition.

Le directeur du cinéma nous invitait gratuitement une ou deux fois par année à condition qui nous y amenions les élèves à une projection spéciale vers 15h. Je me souviens d'y avoir visionné, entre autres, La famille Trapp, Autant en emporte le vent, et peut-être Les dix commandements.

La deuxième année, je m'étais inscrit à des cours universitaires télévisés qui m'ont permis de compléter mon Baccalauréat ès Arts à l'université de Sherbrooke. En cours de session, j'avais des travaux de recherche à compléter et je devais me rendre à Sherbrooke pour l'examen final. Je me souviens d'avoir suivi un cours de géographie physique et humaine, un cours de grammaire et stylistique et un cours intitulé General polishing-up of spoken and written English.

J'ai complété ce diplôme à l'été 1962, à l'été 1963 et, à temps partiel, durant l'année scolaire 1963-64.

En juin 1962, je quittais définitivement East Broughton pour la grande ville de Montréal. J'entreprenais ma quatrième année du Brevet «A» à l'École normale Sainte-Croix, située tout juste en face de l'Oratoire Saint-Joseph. En juin 1963, en plus du brevet «A», on me remettait un baccalauréat en Pédagogie de l'université de Montréal. J'étais maintenant prêt à entreprendre une autre étape de ma carrière d'enseignant dans les sections classiques de Saint-Georges-de-Beauce (trois ans) et de Victoriaville (quatre ans).

P.S.: Pour l'année scolaire 1959-1960, mon salaire était de 2100 $...

Jean-Guy LeGault,
L'Ancienne-Lorette,
septembre 2010

jeudi 9 juin 2011

2- Mes années d'études au secondaire, comme pensionnaire 1952-1955

par Jean-Guy LeGault




   Élève au collège d'Arthabaska 1952-1954 
(maintenant à Victoriaville)

  De gros changements accompagnent le début de mon adolescence. À l'âge de 12 ans, le 25 août 1952, je quitte la maison familiale d'Asbestos pour devenir pensionnaire d'abord à Arthabaska (2 ans) et l'année suivante, à Bromptonville (1 an). J'entreprends mes années d'études secondaires classiques. J'y complèterai mes quatre années du secondaire, en trois ans: Éléments latins, Syntaxe, Méthode et Versification, comme on les nommait à l'époque des collèges classiques.

J'aimais étudier. J'avais apprécié mes professeurs à l'école primaire. Tout jeune, j'avais «joué à l'école». J'invitais mes sœurs et même ma mère à tenir le rôle d'élèves. Comme il n'y avait aucun professeur laïc à Asbestos à l'époque (seulement des religieux, des religieuses et des «maîtresses»), une des façons de devenir professeur, c'était de passer par le juvénat. Or, il y avait bien deux écoles normales pour garçons au Québec, l'une à Québec, l'autre à Montréal, mais il fallait auparavant compléter le cours secondaire.

Au printemps 1952, on m'avait offert d'aller visiter le collège d'Arthabaska. J'avais trouvé l'environnement extérieur très beau: gazons, haies, fleurs, verger, jardins, cours de récréation, tennis, etc. La bâtisse même me semblait un peu vieillotte. Je l'avais visitée de la cave au grenier: le dortoir, le lavoir, les douches, l'oratoire, les classes, la salle de récréation, la chapelle, le réfectoire et même la souillarde. Mais ce qui m'avait plu davantage, c'est le contact avec quelques jeunes pensionnaires. Ils m'étaient apparus gentils, bien éduqués et contents de fréquenter cet établissement scolaire.

Le lundi 25 août 1952 avait été fixé pour le grand départ. La veille, ma jeune sœur Claudette avait été baptisée en l'église Saint-Isaac-Jogues. Voilà pourquoi on avait reporté au lendemain mon départ pour le collège. En avant-midi, mes sœurs, Lise et Huguette, avec la petite voiture à quatre roues, étaient allées porter ma malle, au terminus d'autobus, situé au Café Royal, sur le boulevard Saint-Luc. Mon père avait pris congé pour la journée afin de m'accompagner au collège. Vers midi et demi, je quitte Asbestos, la ville minière qui m'avait vu naître. C'est en autobus que je prends le chemin du juvénat d'Arthabaska, passant par Danville, Kingsey-Falls et Warwick.

Une heure plus tard, nous descendions tous le deux devant le collège; nous avions pris soin de transporter, pedibus cum jambis, la vieille malle qui devait accompagner tout bon pensionnaire de l'époque. Mon ancien directeur de l'école Saint-Aimé, le frère Octavius (Jean-Louis Lemire) nous attendait à l'entrée. Il fit visiter le pensionnat à mon père. Il nous présenta le directeur du collège, le frère Eugénien (Lionel Tardif) ainsi qu'un jeune étudiant, originaire d'Asbestos, Marcien Bisson, qui selon la tradition, devra être mon «ange gardien» pour mes premiers jours au collège.

En après-midi, le frère Octavius nous amène au «gros collège» de Victoriaville où je peux saluer mon titulaire de septième année, le frère Didace (Omer Fleurent). De retour à Arthabaska, nous prenons le souper au réfectoire des visiteurs. Vers 19 heures, mon père reprend l'autobus pour entrer à la maison. Me voilà dans ma nouvelle famille qui comptera environ 150 jeunes et une dizaine d'adultes: le directeur et les enseignants.

La première semaine, nous suivons encore l'horaire des vacances, car les cours ne débuteront qu'après la fête du Travail. Deux fois au cours de la semaine, nous allons nous baigner dans la rivière Nicolet, à une petite plage située à environ un mille et demi du collège. Nous nous y rendons à pied, aller-retour. Après la baignade, on vient nous livrer la collation avec une voiture hippomobile. Eh oui ! nous sommes en 1952...

La vie au juvénat sera ponctuée de moment de prières, d'étude et de récréations. Voici un aperçu de l'horaire de la journée. Lever dès 5h30. Toilette, prière, réflexion silencieuse. Messe et communion à 6h20. Elle dure presque une heure. Nous sommes 350 dans la maison avec les autres groupes. Seul l'aumônier a le droit de distribuer la communion; ça prend un bon 20 minutes.

Vers 7h20, déjeuner au réfectoire. Les étudiants sont répartis sur des tables de sept ou huit convives. Un chef de table est nommé parmi les plus anciens. C'est lui qui désigne la personne qui doit aller chercher les plats qui nous arrivent de la cuisine sur des charriots. On y mange en alternance du gruau, des céréales, mêmes des patates et des viandes froides. Des œufs, les vendredis. Du pain et du beurre complètent le tout. Pas de grille-pain... pas de «toasts»... Comme breuvage, du chocolat chaud. Évidemment, le repas est précédé du Benedicite. On ne parle qu'après avoir répondu au Deo gratias ! lancé par le frère Maître.

Après les repas, ce sont les emplois. Pendant une quinzaine de minutes, les vadrouilles circulent dans les corridors, les brosses nettoient les escaliers, les tables sont lavées et les couverts remis en place pour le repas du midi. À la souillarde, il y a quatre cuves en opération: deux pour le lavage et deux pour le rinçage. Portant tablier de toile, les plongeurs redoublent de vitesse pour fournir les deux essuyeurs de chaque côté. En moins de 15 minutes, toute la vaisselle est lavée, essuyée. Les linges sont mis à sécher et le plancher, lavé à la «moppe». D'autres s'affairent à la préparation des patates.

Une fois les emplois terminés, on va jouer dehors jusqu'à 8h30, moment où une cloche nous appelle en classe pour le premier cours de la journée. On circule en silence sans être obligé de prendre son rang. Les cours, entrecoupés d'une petite récré de 15 minutes, se poursuivront jusqu'à l'heure du dîner, vers 11h45.

Le même scénario se répétera après le dîner: emplois, activités sportives à l'extérieur. En début d'après-midi, une quinzaine de minutes de chant avec le frère Barnabé (Léopold Lemieux), puis cours jusqu'à 16h. Suivent la collation et les sports organisés à l'extérieur: hockey, baseball, glissade, selon les saisons, jusque vers 17h. Chapelet, examen de conscience et conférence avant le souper. Après le souper et la récré, pendant laquelle on joue au «drapeau» en été ou on chausse les patins en hiver, on se rend à nouveau en classe pour une période d'étude et de devoirs. Puis, c'est la prière du soir, suivie du Salve Regina chanté et le dodo.

Après deux jours d’initiation, grâce à l’assistance assidue de mon «ange gardien», je connaissais le Juvénat dans ses moindres recoins, je savais ce qu’on y faisait à différents moments de la journée, quelles attitudes et quels gestes on attendait de moi en toute circonstance.

Donc, je passe mes deux premières années du secondaire à Arthabaska. La première année, je suis dans la classe des Éléments A dont le titulaire est le Frère Pierre (Gérard Bédard) et la deuxième dans la classe de Syntaxe B qui a pour titulaire le Frère Irénée (Jean-Guy Hamel). Plusieurs professeurs sont affectés à chaque groupe; c'est ma première expérience avec le va-et-vient des spécialistes. Je m'y adapte rapidement.



Élève au pensionnat de Bromptonville 1954-1955

(maintenant à Sherbrooke)

La troisième année, à Bromptonville, je suis en Versification A, avec comme titulaire le frère Armand (Maurice Lampron). Nous étrennons un tout nouveau collège. Le groupe est beaucoup plus restreint, environ 60 élèves. À la fin de l'année, je réussis les examens du diplôme de l'Immatriculation junior, sous la responsabilité de la faculté des Arts de l'université de Sherbrooke.

Cette année-là, les loisirs extérieurs furent assez rudimentaires. On aménagea sommairement les terrains de balle molle, deux courts de tennis et la patinoire. Heureusement, en été, nous pouvons assez facilement aller à la baignade au Key Brook, à une vingtaine de minutes du collège.

Le 15 février 1955, je fus nommé postulant avec une trentaine de collègues d'études. Tout en continuant le curriculum des études régulières, le postulat est une étape préparatoire à l'entrée en communauté. J'étais fier de faire partie de ce contingent. Six mois plus tard, je prenais le chemin de Québec où avait lieu l'année canonique du noviciat. Mes trois années d'études secondaires venaient de se terminer. À la prochaine !


Bromptonville ESB 6
Actuellement
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à suivre

No 3 Mes premières années d'enseignement - (1959-1962)

samedi 4 juin 2011

Curriculum vitae de Jean-Guy LeGault

Jean-Guy LeGault, est un ex-Frère du Sacré-Cœur qui, après vingt-quatre ans de vie religieuse dans la province communautaire d'Arthabaska, est retourné à la vie civile en 1976.

Il a accepté de nous raconter en cinq épisodes son curriculum vitae qui souligne avec beaucoup de précisions l’importance de la présence et de l’apostolat des Frères du Sacré-Cœur dans les Cantons-de-l'Est, en Beauce et dans les Bois-Francs.

Ces récits nous en disent long aussi sur les transformations qu’ont connues le Québec et les communautés religieuses pendant la Révolution tranquille.



Premier épisode: Mes six années d'études, au primaire,

Mes six années d'études, au primaire, 1946-1950


Mes six années d'études, au primaire,
à l'école Saint-Aimé d'Asbestos, 1946-1950
par Jean-Guy LeGault
À gauche, l'école secondaire Saint-Aimé (1942);
au centre, la résidence des religieux (1936)
et à droite, l'école primaire Saint-Aimé (1921), à Asbestos.

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En 1945, il n'y avait pas de classe de maternelle. C'est donc en septembre 1946, à l'âge de 6 ans et 4 mois, que j'entrais en première année, à l'école Saint-Aimé, un école pour garçons, dirigée par les Frères du Sacré-Cœur. Ma classe était située au rez-de-chaussée. Le directeur était le frère Fabien (Théodore Tessier). Mon institutrice-titulaire de la 1re année «A» était madame Rodolphe Lambert. Remarquez qu'une fois mariée, madame portait le nom et le prénom de son mari. Chose surprenante également à cette époque, dès qu'une institutrice prenait mari, elle devait obligatoirement quitter l'enseignement. Comme madame Lambert n'avait pas d'enfants, on en a sans doute fait un cas d'exception.

Nous demeurions à logement sur la rue Saint-Joseph, voisins de la boulangerie Fréchette; je pouvais donc facilement me rendre à l'école à pied. Il suffisait de descendre la rue Saint-Joseph, de tourner à gauche à la rue Bourbeau et enfin, à droite à la rue Notre-Dame. Cinq ou six minutes à peine.

La vieille partie de l'école Saint-Aimé avait été bâtie en 1920-21. C'était une bâtisse avec sous-sol, rez-de-chaussée et deux autres étages. Elle pouvait accommoder 17 classes, de la 1re à la 6e année. Elle était recouverte de bardeaux d'amiante mais la structure était faite de bois. C'est la raison pour laquelle on y retrouvait, à l'extérieur, des escaliers de secours en cas de feu. Au début de chaque année scolaire, on s'adonnait à un exercice de prévention des incendies. Je me souviens qu'au son de la cloche et des sirènes des camions de pompier, on devait se rendre à une certaine fenêtre, monter sur une chaise, enjamber le calorifère et sortir par la fenêtre ouverte pour atteindre l'escalier de secours. Toute une aventure quand on n'a que six ou sept ans! Au sous-sol, une grande salle pouvait accueillir les élèves par temps froid ou pluvieux. C'est là qu'on prenait nos rangs avant de monter en classe.

En première année, on comptait trois classes pour environ 90 élèves. De ce nombre, une trentaine, les meilleurs, étaient choisis pour «sauter» la deuxième année. J'étais du nombre. Après les Fêtes, on effectuait un certain reclassement et on accélérait le programme pour entamer une bonne partie de celui de la deuxième année.

Les sports étaient à l'honneur à l'école des garçons. Plus jeunes, nous étions laissés un peu à nous-mêmes durant les récréations de la demi-journée, même si les «maîtresses» exerçaient une certaine surveillance. Plus tard, nos profs masculins organisèrent davantage les jeux de balle molle, de ballon coup-de-pied, de ballon-prisonnier ou de drapeau.

Il y avait deux patinoires à l'école Saint-Aimé, dont une plus petite, pour les débutants. C'est là que j'ai appris à patiner. Mais, je ne me souviens pas d'avoir joué avec les «Tom-Pouces»...

En septembre 1947, j'entreprenais ma troisième année avec mademoiselle Monique Hamel, comme titulaire de la 3e année «C». Tous les élèves ayant sauté la 2e année y étaient regroupés. Nous avons pris une couple de mois pour compléter ce niveau avant de nous engager définitivement dans le programme de 3e année. Pour les trois prochaines années, le directeur sera le frère Jean. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mon enseignante si ce n'est qu'elle était assez jeune et très patiente.

L'année suivante, en septembre 1948, je passais en quatrième année. Mademoiselle Thérèse Leroux était titulaire de la 4e année «A». Je l'ai beaucoup appréciée. Elle était exigeante et nous faisait beaucoup travailler. Elle avait déjà plusieurs années d'expérience derrière la cravate, façon de parler. Notre classe de 4e année, tout comme celle de la 3e , était située au 1er étage.

En 1949-1950, je monte au dernier étage de l'école et j'entreprends ma cinquième année, avec comme titulaire, le frère Norbert (Jean-Paul Croteau). Ce sera mon premier professeur masculin. Laïcisé quelques années plus tard, il enseigna à la section classique de Victoriaville, puis devint le premier directeur-général de la Commission scolaire régionale des Bois-Francs. Une fois à la retraite, il devint maire de Victoriaville durant quelques années.

La grève de l'amiante, en 1949, me marqua un peu. L'argent n'entrait plus à la maison et mes parents ont dû puiser dans les réserves prévues pour faire construire notre première maison. Des fenêtres de notre classe, je me souviens d'avoir vu des descentes policières, à propos de tout et de rien. Nous étions envahis par plusieurs voitures noir et blanc de la police provinciale.

En 1950-1951, je fais ma sixième année avec le frère Laurin (Jean Lamirande), comme titulaire. Bon sportif, il savait bien animer les petites récréations. Sa devise: un esprit sain dans un corps sain. D'ailleurs, il devint prof d'éducation physique à Drummondville après sa laïcisation. Je me souviens de lui, entre autres, comme responsable des enfants de chœur et des servants de messe, à la paroisse Saint-Isaac-Jogues. C'est lui qui m'avait initié à servir la messe.

Cette année-là, le directeur de l'école était le frère Honoré (Honoré Houle) qui fut également mon directeur en 1953-1954 au collège d'Arthabaska. Je ne peux passer sous silence le bon frère Constantin (Camille Bellut), français de naissance mais canadien de cœur. En tant que visiteur de classe au primaire, il se donnait à son emploi sans ménagement aucun. Que de compositions françaises, que de dictées,… que d'heures de corrections et de suivis des élèves ! Il venait également dans notre classe une fois par semaine pour une leçon d'histoire du Québec. Ses récits étaient captivants. On appréciait toujours ses visites en classe.

C'est à l'automne 1950 que ma famille a déménagé au nord de la ville, près du parc Dollard. Pour fréquenter l'école Saint-Aimé, je devais marcher une quinzaine de minutes, quatre fois par jour.

Pour ma dernière année d'études au primaire, en septembre 1951, je passe dans la partie neuve de l'école pour entreprendre ma septième année. Ma classe est située au dernier étage, du côté de la cour. Le frère Didace (Omer Fleurant) est mon titulaire et le frère Octavius (Jean-Louis Lemire), le directeur.

Une dizaine d'années plus tard, mon titulaire a passé quelques années comme prof en Afrique et, en fin de carrière, a travaillé comme bibliothécaire en Outaouais. Quant au directeur, il part pour le Cameroun en 1953 où il passera plus d'une trentaine d'années comme professeur ou directeur de collèges. Il décéda à l'âge de 92 ans.

Il y avait trois septièmes années et nous n'étions pas très nombreux par classe: 19 ou 20 élèves. Ma matière préférée a toujours été les mathématiques mais je me débrouillais bien aussi en français. J'aimais également l'analyse logique et grammaticale ainsi que la géographie.

Sans être premier de classe, je me situais toujours parmi les cinq premiers, habituellement le cinquième. Je me suis rapidement adapté à l'école et j'y a pris plaisir. J'avais toujours hâte d'apprendre des choses nouvelles: la géométrie, l'anglais, l'histoire, la géographie, etc. À la maison, je ne traînais pas pour faire mes devoirs, ni pour apprendre mes leçons.

Il me revient à la mémoire un bon nombre d'amis d'enfance. À l'école, j'appréciais les copains Benoît Michel, Rénald Fréchette, Normand Pépin, Claude Labrecque, Sarto Lupien, et autres. Sur la rue Saint-Joseph, j'ai joué avec des Ducharme, des Pinard, des Corbeil, des Dion, etc. Sur la rue Saint-Jean-Baptiste, avec des Thibodeau, des Richard, des Girard, etc.

À la fin de juin 1952, le surintendant de l'Instruction publique de la province de Québec, monsieur Omer-Jules Desaulniers, me faisait parvenir mon Certificat d'études primaires élémentaires, avec la mention Grande distinction. Il était également signé par l'inspecteur d'écoles Camille Girard. J'étais fier de mon premier diplôme.

Jean-Guy LeGault,
L'Ancienne-Lorette,
octobre 2010.